Chlamydia : exemple d’infetion persistante

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Chlamydia : exemple d’infection persistante

Olivia Peuchant

CLASSIFICATION

Ordre Chamydiales

Familles Chlamydiaceae Parachlamydiaceae Simkaniaceae Waddliaceae

Genres Chlamydia Parachlamydia Simkania Waddlia

Espèces C. trachomatis C. pneumoniae P. acanthamoeba S. negevensis W. chondrophila

2 biovars: 3 biovars:

trachoma, LGV twar, koala, equine

18 sérovars

C. muridarum C. psittaci

C. suis C.pecorum

C. abortus

C. felis

C. caviae

Protéine majeure membrane externe – gène ompA

MOMP - C. trachomatis

Sérovars

A,B, Ba, C

D, Da, E, F, G, H, I, J, Ja, K

L1, L2, L2a, L3

Génovars

Séquençage du gène ompAGitsels et al, 2019, Critical Reviews in Microbiology

Infections humaines à C. trachomatis

A-C L1-L3

Trachome Infections

Sexuellement

Transmises

D-K

LGV

Problèmes de santé publique et d’actualité

Pouvoir pathogènesouches A – C : le trachome

• Codification simplifiée de l’OMS

– Inflammation trachomateuse folliculaire (TF)

– Inflammation trachomateuse intense (TI)

– Cicatrices conjonctivales trachomateuses (TS)

– Trichiasis trachomateux (TT)

– Opacité cornéenne (CO)

TFTF + TI

TS TT CO

Problème de santé publique dans 44 pays et responsable de cécité et de

déficiences visuelles pour environ 1,9 million de personnes.

En 2020, 137 millions de personnes vivent dans des zones d'endémie de

trachome et risquent une cécité due au trachome.

IST à C. trachomatis (D à K)

Problèmes d’actualité

La plus fréquente

des IST bactériennes

Complications et séquelles féminines

Monde entier

Adolescents

Jeunes adultes

90 106 cas /an

www.cdc.gov/std/chlamydiaTaux de transmission

> 75% : TTT partenaire

WHO 2016: 376 millions de nouveau cas d’IST non virales dans le monde

Newman et al PLoS One 2015; Unemo, Bradshaw et al,

Lancet Infect Dis, 2017;17:e235-79

Maladies sexuellement transmissibles

Cas symptomatiques

Cas asymptomatiques

Infections souvent asymptomatiques

50% asymptomatiquesUrétrite

90% asymptomatiques

Cervicite, urétrite,

Saignement lors des rapports

Douleurs pelviennes

IST à C. trachomatis (D à K)

Salpingite

Lésions immunopathologiques

Infertilité tubaire, GEU

10% complications

Epididymite

Rectite

IST à C. trachomatis (D à K)

Conjonctivite

Transmission 75%

Conjonctivite

PneumonieNNé

Autres formes cliniques

Syndrome de Reiter

IST à C. trachomatis (D à K)

La Lymphogranulomatose vénérienneou maladie de Nicolas et Favre

biovar LGV, souches L1 – L3

Signes cliniques : atteinte lymphatique et ganglionnaire

1ère phase : chancre 1 à 3 sem après le contage

2ème phase : adénite inguinale unilatérale

bubon ulcéré et fistulisé à la peau

(pomme d’arrosoir)

signe de la poulie

3ème phase : lésions fibreuses génitales

destruction du tissu lymphatique

lymphoedeme génital (éléphantiasis)

Anorectite aigüeTenesme,

douleur,

Pus, diarrhée

ulcération(s) ano-

génitale

Adénite

inguinale

Lymphogranulomatose vénérienne

(L1-L3)

Recherche directe

- Culture cellulaire

- Amplification génique

*sur tous types de prélèvements

* utilisation ++++

Recherche indirecte : sérologie

– Indications limitées aux infections hautes et bilan d’hypofertilité

Diagnostic des infections à C. trachomatis

Structure

~ Mb de Gram –

LPS

Protéines de mb:

MOMP, omp2 et omp3

POMP

Protéines de stress:

hsp10, hsp60 et hsp 70

Caractéristiques bactériologiques

Caractéristiques bactériologiques

• Développement intracellulaire dans une inclusion

• Existe sous 2 formes :

– CE, extracellulaire, infectieux, incapable de X°

– CR, intracellulaire, non infectieux, forme de X°

• Le CE adhère à la cellule (0h),

pénètre (2h) et se transforme en CR,

qui se multiplie (18h).

• Puis les CR se transforment en CE (36h)

Caractéristiques bactériologiques

corps aberrant

Notion de persistance

Altération du cycle : le CR ne se transforme pas en CE mais persiste

en une forme aberrante

cycle de développement des Chlamydiae

hsp60

MOMP

corps aberrant

Facteurs in vitro : culture infectée persistante

- nutritionnels (carence en AA)

- antibiotiques ( pénicilline G)

- immunitaires (cytokines, INF)

Facteurs in vivo : « infection chronique »

- arguments cliniques « infection chronique et séquellaire »

- arguments expérimentaux

- arguments biologiques (culture – PCR+)

Notion de persistance

Persistance : arguments in vitro

Effets de β-lactamines

AMX = amoxicilline; AMP=ampicilline; ATM =aztréonam; CAR = carbenicilline CLA = acide clavulanique; PEN G= pénicilline G; PEN V =pénicilline V;

PIP =pipéracilline; TET = tétracycline; CRO = ceftriaxone

• Souche de C. trachomatis génovar E

• Antibiotiques introduits 24 h après infection des cellules (inclusions (~ situation in vivo)

Kintner et al., Frontiers in cellular and infection microbiology, 2014

Persistance et INFγ

• INFγ induit la production IDO-1 Dégradation du Trp

Soit mort des CR

Soit Inhibition de la croissance des CR / formation CA

INFγ

Beatty WL et al., Infect immun, 1994

• Etat réversible

Hsp 60

MOMP

Etude SNP +874 T/A du gène codant l’INF-γ

Allèle A ↔ plus fréquemment rencontré chez les patientes CT+

Allèle T ↔ production d’INF-γ élevé ↔ risque d’infection à CT diminué

• Polymorphisme du gène INF-γ

Ziklo et al., Trends in Microbiology, 2016

• Influence du microbiote vaginal

Rôle protecteur Bactéries productrices

d’indole

trpA, trpB and trpR genes

↔ synthèse du tryptophane

à partir de l’indole

(Génovars D-K)

Rank et al, AAI, 2014; Ziklo et al., Trends in Microbiology, 2016

• Quel est le bénéfice des gènes trpAB pour les génovars uro-génitaux ?

CT Réservoir GI

- Bactéries GI: production indole +++

- Survie des chlamydiae - état persistant / chronique

- Explique PCR CT+ dans échantillons anaux chez

patientes sans rapport sexuels anaux

GI = niche, échappement au système immunitaire

Auto-infection

- Rectum vagin

Persistance et C. trachomatis 60-kDa Heat Shock Protein

• Corps aberrant : surexpression Hsp60, relarguée dans le milieu extracellulaire

• Hsp60 = protéine très conservée eucaryotes/procaryotes

• Réponse immune à Hps60 CT ↔ auto-Ac à Hps60 Homme

• Cross-reactive epitopes

6 épitopes spécifiques

de C. trachomatis

7 épitopes « cross-réactive »

C. trachomatis / human

Séquelles de

l’infection à CT

Yi et al., Infect Immun, 1993

Persistance : arguments in vivo

Arguments biologiques

• Détection d’ADN / ARN dans échantillons cliniques mais cultures négatives

• Séquençage de génomes

7 patients avec infections répétées (1 à 5 ans)

Séquençage des génomes à chaque épisode infectieux

Suchland et al., JID, 2017

Représentation linéaire des SNP (en rouge) et des insertions/délétions (vert) identifiées dans

les génomes séquencés

Patients 1, 2, 3, 6 et 7 : infectés avec la même souche pendant 3 à 5 ans.

Patients 4, 5 : multiples infections avec le même génovar Ia

Suchland et al., JID, 2017

Persistance : arguments in vivo

Mutations dans le gène trpA

• Patiente ayant des épisodes d’infection à C. trachomatis récurrents depuis 4 ans malgré ttt AB

• Souche de génovar F

• Séquençage des génomes : strictement identique

• Mutations dans trpA, pas de synthèse de Trp à partir d’indole

Somboonna et al, mBio, 2019

Scénario persistance in vivo

Infection à C. trachomatis

Antibiotiques Présence d’INF-γ(produit en réponse à une infection)

Conditions de croissance

défavorables pour CT

persistance

Infections chroniques

Dommages tissulaires, séquelles

Infection aiguë Infection chronique

Diagnostic direct

culture + -

tests AG + -

tests AD/RN + +

Diagnostic indirect

Ac antiMOMP/LPS + ?

Ac antihsp 60 - +

Conséquences sur le traitement

Mauvaise pénétration des antibiotiques

dans le site infecté

dans les formes aberrantes

Conséquences sur le diagnostic

Epidémiologie des infections à

C. trachomatis

Incidence de l’infection à C. trachomatis

15-49 ans :

77 000 cas soit 257/100 000

+ 15 ans:

267 097 cas soit 491/100 000

X 3,4

2012

2016

En population générale

• Fin de grossesse: 2011 2013

18-44 ans(1004) 2,5%

18-24 ans (165) 7,9% (143) 12,6%

Orthogénie : 2012 2013

toutes ( 882) 12,5% (1252) 12,2%

18-24 ans (561) 16,5% (810) 14,6%

Chez les femmes enceintes

• Essai contrôlé randomisé déployé sur internet visant à comparer :

– Une information et une orientation vers les systèmes de dépistage

traditionnels (bras contrôle)

– La proposition d’envoi d’un kit d’auto-prélèvement à domicile (bras

intervention)

18-24 ans : Chlamyweb (2012)

Taux de positivité 6,8%

8,3% femmes (1311)

4,3% hommes (773)

Auto-prélèvement : acceptabilité +++

Réseau Rénachla (2000-2016)

Femmes de

15-24 ans

sont les +

touchées

1000 CT+

170 épisodes IGH

70 épisodes de salpingites

2 GEU5 infertilité tubaire

Risque de complications

Price et al, 2016

Objectif du dépistage

• Réduire le portage et la transmission dans la population

(prévention primaire)

• Réduire le taux de complications graves (prévention

secondaire)

Recommandations : dépistage!

Recommandations HAS actualisées 2018

Lieux Population Modalités

CeGIDD

CPEF

Centres IVG

Cabinets libéraux MG et

gynécologie

Dépistage opportuniste

Femmes sexuellement actives

de 15-25 ans (y compris les

femmes enceintes)

Dépistage opportuniste ciblé

Hommes avec FDR

Femmes > 25 ans avec FDR

Consultation pour IVG

- Par Biologie moléculaire

- Auto prélèvements ou cliniciens

- Rythme :

Annuel si CT-

3-6 mois si CT+

- Pas de test de contrôle

systématique (sauf femme enceinte)

- TTT partenaire par la personne

infectée

FDR : multipartenariat (au moins deux partenaires dans l’année), changement de partenaire récent, individus ou

partenaires diagnostiqués avec une autre IST (NG, syphilis, VIH, M. genitalium), antécédents d’IST, HSH,

personnes en situation de prostitution, après un viol

Caractéristiques génotypiques des souches non L dans les échantillons uro-

génitaux masculins et féminins et les échantillons anorectaux

Quels génovars sont responsables de ces infections ?

Surveillance des ano-rectites à

C. trachomatis en France

LGV

- Endémique Afrique, Asie, Amérique du Sud, Caraïbes

- Exceptionnelle en Europe (cas importés)

- Avril 2004 : Alerte Européenne grâce au Système Européen de Surveillance des

IST (ESSTI)

● 13 cas de LGV rectales serovar L2, Rotterdam- Eté 2003

● Homosexuels masculins, 26-45 ans

● 11VIH+, 6/13 IST concomittante

● Rapports anaux non protégés avec des partenaires anonymes dans plusieurs pays

européens dont la France

● Information des partenaires (réseaux, CNR)

5

Pays-Bas: 144 cas

France : 243 cas

UK: 34 cas

Belgique: 27 cas

Allemagne: 20 cas

Suède: 3 cas

Espagne: 2 cas

Situation Epidémiologique en Europe - 2005

Spaargaren et al. Emerg. Infect. Dis. 2005.11:1090-2.

Séquençage du gène omp1

domaines variables 1, 2 et 4

Variant L2b

Diagnostic moléculaire de la LGV

- PCR en temps réel

gène cible : pmpH

Morré et al. Emerg Infect Dis 2005

Génovars non-L: délétion de 36 pb

pas d’amplification

Évolution des cas de LGV en France2010 – 2019

Rapport 2019 CNR IST

Cas LGV Cas non LGV p

Age 41,02 33,3 <0,001

Paris 66,7% 46,6% <0,001

MSM 98,7% 97,5% <0,05

symptomatiques 94,5% 44,2% <0,001

Co-infection

VIH+ 76,1% 28,8% <0,001

Syphilis active 30,9% 17,8% <0,001

Gonocoque 21,3% 27,2% <0,001

Caractéristiques des patients 2010-2015

De Barbeyrac et al, Int J AIDS, 2018.

Nombre de cas de LGV et d’ano-rectites à souches non-L chez les patients VIH+ (2010-2019)

Rapport 2019 CNR IST

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2010 2011 2012 2013 2014 2015

L2b V4

L2b V3

L2b V2

L2b V1

L2

L2b

Epidémiologie moléculaire des souches responsables de LGV en France (2010-2015)

Peuchant et al, EID, 2016.

Traitement des infections à C. trachomatisnon compliquées

• Doxycycline : Vibramycine®

100 mg x2 /J, 7J

ou

• Azithromycine : Zithromax®

1 g, à jeun, monodose

Traitement du / des partenaire(s)

Rapports sexuels protégés

CDC 2002

• Doxycycline : Vibramycine®

100 mg x2 /J, 21J

ou

• Erythromycine

500mg x2 /J, 21 J

• Azithromycine : Zithromax®

durée et posologie à valider

Partenaire(s) ?

60 jours précédant le début des signes cliniques

Traitement de la LGV ano-rectale

Résistance acquise ?

Pas clair

mutations possibles in vitro // acquisition de gènes résistance ?

Echec thérapeutique ? 10-15%

contrôle post-thérapeutique conseillé 5 semaines à l’ arrêt du ttt

contrôle de non re-contamination à 4 – 6 mois

Traitement des infections à C. trachomatis

Autres causes ?

- persistance : corps aberrant

- recontamination (> 20 % chez les adolescents) (TTT des partenaires +++)

- autoinoculation à partir d’un réservoir gastrointestinal?

Génome• Taille CT = 1042 Kb CP = 1230 kb

• Séquences connues : informations

Présence des gènes de PG

Système de sécrétion type III

Gènes pmp « polymorphic membrane protéine »

Caractéristiques bactériologiques

Mécanisme immunopathologique de l’infection à Chlamydia

Cycle de X°

CECorps

aberrantHsp 60

Inflammation

lymphocytes

macrophages

dommage tissulaire

cécité

stérilité tubaire

Cytokines

Conséquences sur

le diagnostic

le traitement

LPS

?