As Redes Que a Razão Ignora (Em Frances) Sem Referencia

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l. Ces réseaux que la raisonignore: laboratoires, bibliothèques, collections Ceux qui s'intéressent aux bibliothèquesparlent souvent des textes, des livres, des écrits, ainsi que de leur accumulation,de leur conserva- tion, de leur lectureet de leur exégèse. Ils ont sûrementraison,mais il y a quelque risque à limiter l'écologie deslieux de savoir aux signes ou à la seule matièrede l'écrit, un risqueque Borges a bien illustré par sa fable d'une bibliothèquetotale ne renvoyant qu'à elle-même. Dans cettefable très littéraire, I'empire des signes apparaît comme une forteresse d'in- tertextualité. Pleine et solide aussilongtemps que I'on s'intéresse aux seules gloses de I'exégèse, elle semble vide et fragiledèsque l'on cherche à relier lessignes aux mondesqui l'entourent. Usager souvent frustrédes bibliothèques françaises, j'ai choisi d'encadrer ces lieux de mémoire par d'autreslieux moins fréquentés, comme les laboratoires et lescollections, que I'histoire et la sociologie des sciences nous ont récemmentappris à mieux connaîtrel. Par ceme méditation trop brève sur les rapports des inscriptions et des phénomènes, j'espère montrer que la circulation de ces intermédiaires trop souvent méprisés fabrique non seulement le corps mais aussil'âme de la connaissance. Dans ce chapitre, je voudraissuivrenon pasle chemin qui mène d'un texte à l'autre à l'intérieur d'une bibliothèque, mais le chemin qui mène du monde à I'inscription, en amont et en aval de ce que j'appellerai un ( centre de calcul2,. Au lieu de considérer la bibliothèque comme une forteresse isolée ou comme un tigre de papier, je voudrais la peindre comme le næud d'un vaste réseau où circulent non des signes, non des matières, mais desmatières devenant signes. La bibliothèquene se dresse pas comme le palaisdesvents, isolédans un paysage réel, trop réel,qui lui servirait de cadre. Elle courbe I'espace et le temps autour d'elle et sert de réceptacle provisoire,de dispatchrr, de transformateur et d'aiguillage à des flux bien concrets qu'elle brasse en continu. Malgré quelques

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texto de Bruno Latour

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    Ces rseaux que la raison ignore:laboratoires, bibliothques, collections

    Ceux qui s'intressent aux bibliothques parlent souvent des textes,des livres, des crits, ainsi que de leur accumulation, de leur conserva-tion, de leur lecture et de leur exgse. Ils ont srement raison, mais il ya quelque risque limiter l'cologie des lieux de savoir aux signes ou laseule matire de l'crit, un risque que Borges a bien illustr par sa fabled'une bibliothque totale ne renvoyant qu' elle-mme. Dans cette fabletrs littraire, I'empire des signes apparat comme une forteresse d'in-tertextualit. Pleine et solide aussi longtemps que I'on s'intresse auxseules gloses de I'exgse, elle semble vide et fragile ds que l'on cherche relier les signes aux mondes qui l'entourent. Usager souvent frustr desbibliothques franaises, j'ai choisi d'encadrer ces lieux de mmoire pard'autres lieux moins frquents, comme les laboratoires et les collections,que I'histoire et la sociologie des sciences nous ont rcemment appris mieux connatrel. Par ceme mditation trop brve sur les rapports desinscriptions et des phnomnes, j'espre montrer que la circulation deces intermdiaires trop souvent mpriss fabrique non seulement lecorps mais aussi l'me de la connaissance.

    Dans ce chapitre, je voudrais suivre non pas le chemin qui mne d'untexte l'autre l'intrieur d'une bibliothque, mais le chemin qui mnedu monde I'inscription, en amont et en aval de ce que j'appellerai un( centre de calcul2,. Au lieu de considrer la bibliothque comme uneforteresse isole ou comme un tigre de papier, je voudrais la peindrecomme le nud d'un vaste rseau o circulent non des signes, non desmatires, mais des matires devenant signes. La bibliothque ne se dressepas comme le palais des vents, isol dans un paysage rel, trop rel, quilui servirait de cadre. Elle courbe I'espace et le temps autour d'elle et sertde rceptacle provisoire, de dispatchrr, de transformateur et d'aiguillage des flux bien concrets qu'elle brasse en continu. Malgr quelques

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    images, l..uol1g: auqu_el je.convie-le-lecteur ne sera pas aussi exotiqueque celui de christian Jacob dans Ia bibliothque d'lilexandrie, maii ilpermeftre peut-tre de sortir de l'univers des signes o I'on veut parfois- par mpris comme par respect - confiner la c-ulture er son instrumentprivilgi. Le lecteur comprehdra peur-tre par ce priple ce que les cher-ch.eurs.franais perdent n'avoii pas bnfici, jusqu'ici, e vritablebibliothque et le crime commis ontre I'esprit p"rn. nation qui secroit pourtant trs spirituelle.

    Commenols pg remonrer en amonr du signe er nous demandercomment dfinir I'information. L'information ri'est pas un signe, maisun,rapport tabli entre deux lieux, le premier qui devint une p?riphrieet le second qui devient n centre, ondition qu'enrre les dzux irculeun uhicule que I'on.appelle so-uvent une forme-mais que, pour insistersur son aspecr matriel, j'appelle une inscription. Pour iendie cetre dfi-nition plus concrte, considrons cer autoportrait du naturaliste pierreSonnerat (figure l). Nous ne nous trou'ons icini dans une bibliothque

    Fig. 1. Dessin de P. Sonnerat (autoportrait), Voyage la Nouvelle-Guine, Paris, 1776j auec k permiiionde h Houghton Library, Haruard Uniuersity.

    LABORATOI RES, BIBLIOTHQUES, COLLECTIONS 25

    ni dans une collection, mais en de d'elles, sur les rivages de laNouvelle-Guine. Le naurdiste n'est pas chez lui, mais au loin, envoypar le roi pour rapporter des dessins, des spcimens naturaliss, des bou-tures, des herbiers, des rcits et peut-tre des indignes3. Partie d'uncentre europen vers une priphrie tropicale, I'expdition qu'il serttrace, travers I'espace-temps, un rapport trs particulier qui va per-mettre au centre d'accumuler des connaissances sur un lieu qu'il ne pou-vait se reprsenter jusqu'ici. Dans cette gravure trs pose, le naturalistes'est dessin lui-mme en pleine activit de transformation d'un lieudans un autre, enregistrant la transition entre le monde des matireslocales et celui des-signes mobiles et transportables en tous lieux.Remarquons d'ailleurs qu'il se dessine dans un quasi-laboratoire, un lieuprotg par la feuille de banane qui I'abrite du soleil et par les bocaux deipcimehs conservs dans I'alcoola. Remarquons galement que lemonde indigne doit se mettre en reprsentation afin d'tre saisi par lemouvement- de I'information. L'eslave aux formes gnreusei faitprendre la pose au perroquet et permet au dessinateur d'en dtecter plusrapidement les traits pertinents. Le dessin que produit ce quasi-labora-toire circulera bientt dans toutes les collections royales; quant aux sp-cimens empaills ou bocaux d'alcool, ils viendront enrichir les cabinetsde curiosits de toute I'Europe5.

    Qu'est-ce donc que l'information ? Ce que les membres d'une exp-dition doivent rappofter afin qu'un centre puisse se reprsenter un eutrelieu. Pourquoi passer par le truchement d'un vhicule, d'un dessinateur,pourquoi rduire l'crit, pourquoi simplifier au point de ne prleverque quelques bocaux ? Pourquoi ne pas tout simplement rapporter lelieu, dans son intgralit, vers le centre ? C'est ce que faisaient, aprstout, les acadmiciens de Lagado que visita Gulliver. Au lieu de parler,ils se faisaient accompagner par des serviteurs portant dans des brouettesl'ensemble des choses qui devaient faire I'objet de leur conversations etqu'ils n'avaient qu' diigner du doigt. Grande conomie de salive maisgrande dpense de sueur6 ! Or I'information permet justement de s'enienir la forme sans avoir s'embarrasser de la matire. [s perroquetsresteront dans l'le avec leur ramage; on rapportera le dessin de leur plu-mge, accompagn d'un rcit, d'un spcimen empaill et d'un couplevivant que I'on s'efforcera d'apprivoiser pour la mnagerie royale. Labibliothque, le cabinet, la collection, le Jardin des Plantes et la mna-gerie s'enrichiront d'autant sans pour autent s'encombrer de tous lesiraits qui n'auraient pas de pertinence. On voit que I'information n'estpas une n forme D au sens platonicien du terme, mais un rapport trs pra-iique et trs matriel entre deux lieux, dont le premier ngocie ce qu'ildoit prlever dans le second afin de le tenir sous le regard et d'agir

  • )6 I)I1 L'ORDRE DES LIVRES T"\ CARTE DES SAVoIRS

    distance sur lui. En fonction du progrs des sciences, de la frquence desvoyages, de la fidlir des dessinres, de I'ampleur des taronomies, dela taille des collections, de la richesse des collecrionneurs, de la puissancedes instrumenrs, on pourra prlever plus ou moins de matir et char-ger pr plus ou moins d'informations des vhicules de plus ou moinsgrande fiabilit. L'information n'esr pas d'abord un signe^mais le u char-gem.enr ,, dans. des inscriptions de plts en plus mobileJet de plus en plusfidles, d'un plus grand nombre d matiies.. La producrion d'informations.permet donc de rsoudre de faon pra-tique, par des oprations de slction, d'exrracrion, de rdution, la

    contradiction enrre la prsence dans un lieu et I'absence de ce lieu.Impossible de.la comprndre sans s'inrresser aux institutions qui per-mettent l'tablissemet de ces rapporrs de domination, er sans ls rrhi-cules matriels qui permerrenr le tiansport et le chargement. Le signe nerenvoie pas d'abord d'autres signes, mais un trvail de prodictionaussi concret, aussi matriel que I'exrraction d'uranium ou dtanthracire.Un cabiner de curiosits, un volume de planches ornithologiques, unrcit de voyage doivent donc tre pris comme Ia pointe d'ui vaste tri-angle qui permer, pardegrs insenslbles, de passeres rextes des situa-tions et de revenir des livres par le truchemenr des expditions, de lamise en image et des inscriptionsT.

    Pourtanr, il convient de complter ce premier rriangle isocle par unsecond, invers, dont le sommei repose, cerre fois, dais la situation dedpart et dont la base s'panouir dns les cenrres de calcul. un secondmouvemenr d'amplification fait suite au premier mouvemenr de rduc-tion (figure 2) 8.

    Illustrons le mouvement de ce deuxime triangle par une autre pho-tographie emprunte I'admirable livre, illustr pr Pierre Branger, que

    Rduction CompatibilitStandardisation

    TABORATOIRES, BIBLIOTHqUES, COLLECTIONS 27

    Michel Butor a consacr I'ancienne galerie du Musum d'histoire natu-relle (fisure 3) e. Nous retrouvons es volatiles naturaliss de tout I'heure,"mais au milieu de tous leurs congnres, rapports du mondeentier par des naturalistes, disperss dans l'espace et dans le temps.Compr la situation de dpart, o chaque oiseau vivait librementdans ion cosystme, quelle pne considrable, quel amoindrissement !Mais, compar la situation de dpart o chaque oiseau volait invisibledans la confusion d'une nuit tropicale ou d'u petit jour polaire, quelgain fantasrique, quel agrandissement ! L'ornithologue peut alors, tran-iuillement, "L.had, .*p"..t

    les traits pertinentse milliets d'oiseauxrendus comparables par I' immobilit, pai la pose, par la naturalisation.Ce qui vivaii disperr d"nr des tats singulieri du monde s'unifie, s'uni-verslise, sous lelegard prcis du naturaliste. Impossible, bien entendu,

    Fig. 3. P. Beranger, in M. Butor, Les Naufrags de I'Arche,La Dffirence, Paris, 1981.

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    de comprendre ce supplment de prcision, de connaissance, sans I'ins-titution qui abrite rous ces oiseaux empaills, qui les prsente au regarddes visireurs, qui les.bague_par.un !n jeu d'criture e d'riquettes,"quiles.classe par un sysrme rvisable de prsentoirs, de riroirs, e vitrins,qui les.prserve et les conserve en les aspergeant d'insecticides. L encore,pour I'amplificarion comme pour la idction, l'information exise unmtier, un travail aussi marril que celui des emboutisseurs ou deifrai-seurs. Le naruraliste ne pense.peutr.e pas diftremment de I'indigneq'i parcourait son le la recherche d'un perroquer, mais il vit upsr dans un aurre cosystme. La comparott . tous les oiseaux d'umonde synoptiquement visibles er synchroniquement rassembls luidonne un.avantage norme sur celui -qui ne peut avoir accs qu'quelques oiseaux vivanrs. La rduction d chaqu oiseau se Daye d'uneformidable amplificarion de rous les oiseaux du monder0

    En passanr.dl premier au second triangle, je ne dcouvre pas davan-tage un monde de signes coup de tout eine renvoyant qu'jui-mme.La collection, le cabinet, le livre illustrrr, le rcit,'la bibliothque ser-vent au conrraire de uuchemenr, d'inrermdiaire, de patte dbie, derpartiteur, de central tlphonique, de dispatcher arrn d rgler les iap-ports muldples entre le travail de rduction et le travail d'am"plificarron.Tous ces lieux sont hrisss de branchemenrs sur le monde, et chaquepaqe dre aprs elle aurantde-prises et de fiches que I'arrire-train d unordinateur. En parlant de livres et de signes, n'oublions Das leur( connectique o.Aprs quaranre annes de trivaux sur I'inrertexiualit etle splendide isolement du monde des signes, il convient de rappeler queles texres ont prise sur le monde et qi'ils circulent dans dei rseiuxpratiques er des institutions qui nous ielient des siruarions. videnceseconde, qui ne nous ramne videmmenr pas l'vidence premire duralisme et de la ressemblance naive, maii qui nous loigne rout demme un peu de l'empire de la smiodque.

    Voici par exemple'une page {p.!a fvue Nara1e d'il y a quelquesannes, prsentant une.*quence 4'ADN ainsi que les acids amins queles bases peuvenr coder (figure 4). Il serait absurd de considrer cene pagecomme l'expression ansparenre, la rplication dans le langaee de Iasquence du gne tel qul esr, de toute ternit, dans la riatre deschosesrz. Pourranr, il serait rour aussi insens d'isoler cette page deI'ensemble des prises rferentielles qui la relie I'action d'un ene a;s descellules vivanres, rravers le laboratoire, aprs des centaineJd'oprationsde manipulation13. Quesrion classique qde h philosophie des ,lcien..s avoulu cadrer pendant longtemps en opposanr les rdistes d'un cr et lesconstructivistes de I'autre, comme s'il ne s'agissait pas, au contraire, decomprendre la n en5jsgstion de la ralit o bi-en rel]e de ce gne.

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    'pl clcoogtoa&, ot rl LeL ud q!6ad tt t! to ol t{E! ud ObcdP.

    Fig. 4. @ Nature: D.R.

    Le texte de cet article commente la squence de gnes inscrite commeun document graphique l'intrieur de la prose. Bien qu'il s'agisse dedeux codes, nous ne nous retrouvons pas l dans I'intertextualit. Lecommentaire n fait rfrence , un document qui sert de preuve et quiappuie ses dires. Ce document, par le dcrochement de la citation, assureen-partie la vrdiction du commentaire. Mais oir nous mne ce docu-ment lui-mme, si nous suivons la srie des dcrochements qui lui ser-vent leur tour de preuves ? Parvenons-nous au gne ? Pas tout de suite.Nous Darverrot, ",, squenceur de

    gnes - instriment de laboratoire -,aux biologistes molculaires mani[ulant avec prcaution des plaquesphotograp"hiques irradies par des pioduits radioctifs et les moniant surune table clirante comme le feraient des photographes. Le gne quifinit par s'inscrire en clair dans les pages de la revue ne peut tre dtachdu rseau de transformations, d eplace-ents, di traductions, dedcrochements, qui va, transversalement, du texte la manipulation delaboratoire. Pas plus que le perroquet de tout I'heure, il n est possiblede situer une information sur le gne sans le rseau des institutions, desappareils et des praticiens qui a-ssurent le double jeu de la rductioncmme de I'amplification. Slon le lieu o vous vous tensz pour prle-ver le signal, vous obtiendrez : un liquide dans un tube essai, le geste

  • i o I)I: I,'ORDRE DES LIVRES A tA CARTE DES SAVOIRS

    d'un technicien qui manie la pipette, des bandes grises ou noires sur dupapier argent, des squences d'ADN sur le listing d'un ordinareur, untexte en prose sur la localisation possible d'un gne, un argument dansla bouche d'un homme en blanc, une rumeur (ui court dns le bar ducoin. On ne retrouve_jamais le fameux scnario d'un langage coup dumonde et d'un monde coup du langage, mais on retrouv parrur lerapport transversal la fois conrinu 1 fiar alignemenr - et discontinu- pr dcrochement - qui relie des centrs de cicul, en amonr er en val, d'autres situations.

    Comme I'a fort bien montr Christian Jacobra, la cartographie peutservir de modle pour rour ce travail de trnsformarions qii ih".rr. l.trapports entre un lieu et tous les aurres. Dans cette image (figure 5), lecartographe dessine au chaud er plat le paysage.qu'il domine

    -du regard.

    Inversion proprement fnrastique, puisque celui qui serait domin dans

    Fig.5. D.R. Fig. 6. @ Mto-France.

    LABORATOIRES, BIBLIOTHQUES, COLLECTIONS 3 l

    le paysage dessin I'arrire-plan devient le dominant ds qu'il entredans son cabinet de travail et qu'il dplie les cartes afin de les raturer.Pour comprendre cette inversion, nous ne devons pas oublier, bienentendu, la connectique qui relie ce lieu tous les autres, par le truche-ment des expditions, des voyages, des colloques, des acadmies, par lamdiation des voies commerciales traces feu et sang, des puresmathmatiques qui permettent d'essayer plusieurs systmes de projec-tion, et par celle des graveurs sur cuivre et des imprimeurs. Intressons-nous un lnstant au renversement des rapports de force entre celui quivoyage dans un paysge et celui qui parcourt du regard la carte frache-ment dessine. De mme que les oiseaux du Musum gagnaient parl'empaillage une cohrence qui les rendait tous comparables, tous leslieux du monde, aussi differents qu'ils soient, gagnent par la carte unecohrence optique qui les rend tous commensurables. Parce qu'elles sonttoutes plates, les cartes deviennent superposables et permettent donc descomparaisons latrales avec d'autres cartes et d'autres sources d'infor-mation qui expliquent cette formidable amplification propre aux centresde calcul. Chaque information nouvelle, chaque systme de projectionorofite tous les autres 15.-

    On comprend mieux alors I'expression ( centres de calcul o. Dsqu'une inscription profite des avantages de I'inscrit, du calcul, du plat,du dpliable, du superposable, de ce que l'on peut inspecter du regard,

  • 32 DE L'ORDRE DES LIVRES I-A. CARTE DES SAVOIRS

    elle devient commensurable avec toutes les autres, venues de domainesde la ralit jusqueJ compltement trangers. La perte considrable dechaque inscription isole par rapport ce qu'elle reprsente se Paye aucentuple par la plus-value d'informations que lui donne cette compati-bilit avec toutes les autres inscriptions. La mme carte peut se couvrirde calculs; on peut lui superposer des cartes gologiques, mtorolo-giques, on peut la commenter par un texte, I'intgrer dans un rcit. Dansefte i-ag du service de Mto-France, par exeirple (figure 6), on peutvoir comment, grce la cohrence optique de la carte, se superposentdes rypes d'infoimation diffrents, les uns provenant d'un calcul num-riqu et les autres d'une image en infraroge prise par satellite. Nouscomprenons mieux aujourd'hui cette compatibilit puisque nous utili-sonsious des ordinateurs qui deviennent capables de brasser, d'embran-cher, de combiner, de traduire des dessins, des textes, des photographies,des calculs nagure physiquement spars. La numrisation prolongecette longue histoire des centres de calcul en offrant chaque inscrip-tion le pouvoir de routes les autres. Mais ce pouvoir ne vient pas de sonentre ans I'univers des signes, il vient de s compatibilit, de sa coh-rence optique, de sa standaidisation avec d'autres inscriptions dont cha-cune se trouve toujours latralement relie au monde travers un rseau.

    Dans cette image (figure 7) que Tufte considre comme I'un des dia-

    Fig.7. Carte tablie par M. Minard, in E.J. Marey,La Mthode graphique, Paris, 1885.

    TABORATOTRES, BTBLTOTHQUES, COLLECTIONS 33

    grammes scientifiques les plus n efficaces ,16, on comprend I'origine decette martingale qui fait gagner le savant chaque fois qu'il semble avoirperdu le contact direct avec le monde. Dans le mme dessin, Marey, legrand physiologiste (et inventeur de I'inverse du cinma17l), apu super-poser la carte de la Russie, la mesure des tempratures, le parcours de laGrande Arme, la date de ses dplacements et, plus tragiquement, lenombre de soldats rests vivants chaque bivouac ! Des informationsdiffrentes, provenant d'instruments pars, peuvent s'unifier en uneseule vision, parce que leurs inscriptions possdent toutes la mme coh-rence optique. Sans la superposition des inscriptions mobiles et fidles,il serait impossible de saisir les relations entre les lieux, les dates, les tem-pratures, les mouvements stratgiques et les victimes du gnral Hiver.Dans ce n lieu commun n, ofFert par la scnarisation du graphique,

    T L S, r f tc o s l r o G R P H l c .

    "r1E Dt T.T I O!: E SD IF D R I C . U v N D I E Tr .DRICA I F IG\TRA.

    Fig.8. Photo B. Latour.

  • 34 DE L,ORDRI DES LIVRES T,q, CRRTE, DES SAVOIRS

    chaque donne se relie, d'une part, son propre monde de phnomnes,et, d"autre part, toutes celles avec lesqulles elle devient ompatible.

    LorsqueMercator utilise pour la premire fois le mot Atlas, pour dsi-gn.. .or plus le gant qui pbrte le monde sur ses paules mais le volumeui p.rr.tt de ti. la Tei.e enrre ses mains, il matrialise le renverse-.ni d., rapporrs de force que la cartographie rend si clairement visibles- mais que l^'n retrouve. ds degrs diers dans toutes les disciplines quientrent successlvement dans la n voie droite d'une science o. Remarquablersum de I'histoire des sciences que ce frontispice o Atlas n'a plus rien faire qu' mesurer la boule qu'il tient sans effort sur ses genoux(figure g). Or ce renversement des raPPorts de force se pratique Par uneiniersion littrale des proportions, dei tailles respectives, entre le go-graphe et le paysage. Lorsqu'on emploj5 la mtaphore astronomique dela u rvolutron copernlclenne ), on oubhe tourours un Petlt oetall : ce quenous appelons n dominer du regard, demeure impossible_aussi long-temps que nous ne sommes pas dvenus Gulliver eu Pays des Lilliputiens.Il n exiite pas de science, dure ou souple, chaude ou froide, ancienne ourcente, qi ne dpende pas de cette transformation pralable et qui nefinisse pai par talr les phnomnes auxquels elle s'intresse sur une sur-face plte e quelques tt.s carrs, autour de laquelle se runissent descherheurs q,ri polntent avec le doigt les traits pertinents en discutantentre eux. L mtrise intellectuelle, la domination savante, ne s'exercepas directement sur les phnomnes - galaxies, virus, conomie, PaysagesI mais sur les inscriprions qui leur se*nt de vhicule, condition de cir-culer en continu ei dans ls deux sens travers des rseaux de transfor-mations - laboratoires, instruments, expditions, collections.

    Le doigt point permet touiours aurralistes d'affirmer leur point deuu. auanld taper^du poing sur la table en s'exclamant, avec un ton depaysan du Danube , u L.t falts sont l, ttlrs 1s o. Or le doigt de ces scien-iifiqu.r, saisis avant leur dpart dans la fort amazonienne, ne dsignepas la fort mais la superpoiition des cartes et des photos satellites quii..r, p.rrrr.,tront de repr oir ils sont (figure 9). Pradoxe du ralismescientifique qui ne peut dsigner du doigi que la pointe extrme d'unelongue tri. i. tr"'trforrn"iions I'int"rie.t. d. iaquelle circulent lesph-nomnes. Mais ce paradoxe, aprs tout, n'est pas moindre que celuie I'ange dessin par Fia Angelico^(figure l0). Sa main droite dsigne, la surpiise des femmes, le tmbea,t ide (u il n'est plus ici u), pendantque s main gauche dsigne I'apparition du ressuscit que les femmes nevoient pas non plus, mais que le moine en prire Peut contempler avecpit, conditin de bien comprendre le double geste de I'ange: n Ceh'est pas une apparition, Jsus n est pas ici, dans la peinture, dans le tom-beau, mais il esi prsent prce que ressuscit, ne le cherchez pas parmi

    Fig.9. Photo B. Latour.

    Fig. 10. FraAngelico, Rsurrecrion, Fhrence,Museo di San Marco. cl. Giraudon.

  • -)o DE L'ORDRE I]ES LIVRES A IA CARTE DES SAVOIRS

    les morts, mais parmi les vivants. u Paradoxe de ce dictique qui dsigne,lui aussi, comme celui des sciences, une absencele. Pour le dire autre-ment, les sciences ne sont pas plus immdiates que les images pieuses etpas moins transcendantes qu'elles. Dieu comme la Nature circulent iravers des rseaux de transformations. Il y aurait de l'impit croireque l'on peut viser directement la fort amazonienne ou mettre directe-ment, comme saint Thomas, ses doigts dans les plaies du Sauveur.

    Pour comprendre un centre de calcul, il faut donc tenir du doigt I'en-semble du rseau de transformations qui relie chaque inscription aumonde, et qui relie ensuite chaque inscription toutes celles qui lui sontdevenues commensurables par la gravure, le dessin, le rcit, le calcul ou,plus rcemment, par la numrisation. Si nous voulons comprendreI'image du gographe travaillant dans son cabinet, il ne faut pas oubliercelle emprunte u plus beau roman vrai de I'histoire des sciences(figure I i;:0. Dans labrume des contreforts andins, les malheureux go-grphes de I'expdition La Condamine s'efforcent de viser les represqu'ils difient grand-peine, mais que les Indiens abattent de nuit ouque les tremblements de terre et.les ruptions volcaniques dcalent lg-rement, ruinant arnsi la prcision de leurs alignements. Pour que lemonde aboutisse dans le cabinet du gographe, il faut que des expdi-

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    , r t , \ , , r n ' r ' r ' t n ' L ' ' I i ' r " ' 1 " J ' J t l t " ' " t t " t n ' b l

    Fig. 1 1. In F. Trystram, Le Procs des toiles, Seghers, Paris, 1979 :doc. Seruices culturels de I'ambassade de France en Equateur; D.R.

    Fig. 12. La Mridienne de Quito, in F. Trystram, Le Procsdes toiles, Seghers, Paris, 1979; doc. Bibliothque de I'Institut,cl. Lauros-Giraudon.

  • 38 DE L'ORDRT DES LIVRES Uq. CERTE DES SAVOIRS

    tions aient pu quadriller les Andes par assez- d'amers Pour obtenir, par tri-aneulations successives, la mridienne de Quito et viser ensuite les-., toiles fixes aux deux extrmits. Qu'il ait fallu vingt annes dedurs labeurs et d'invraisemblables aventures pour obtenir cette mri-dienne (figure l2), voil ce qu'il ne faut pas oublier, sous p^eine de croireoue le sieie reprsente le mbnde sans effort et sans transformation, oucu'il eriire part dans un sysrme auronome qui lui servirait de rf-rence. Mythe scientifique oppos au mythe littraire et qui dissimule lelabeur dei construct.,rti d. i.".ur.o--. celui des centrs de calcul. Eneffet, les littraires, comme les scientifiques - sans parler des thologiens- ont quelque peine., mais pour des raisons.opposes, .reconnatre Ie rledes inscripiions, s'intresser au corps de liprarique instrumentde.

    J'en ai assez dit pour que I'on puisse mainrenanr considrer Ia topo-loie particulire d .., *t."tr* et de c.t centres. Des rseaux de trans-foimations font parvenir aux centres de calcul, Par une srie de dplace-ments - rductin et amplification -, un nombre toujours plus grandd'inscriptions. Ces inscriptions circulent dans les deux sens, seul moyend'ass,.rr, la fidlir, la fibilire, la vrit enrre le reprsent et le repr-senrant. Comme elles doivent la fois permeffre la mobilit des rapportset I' immuabilit de ce qu'elles t.ansportent, ie les appelle des u mobilesimmuables u, afin de bien les distinguer des'sig-nes.-n effet, lo.rsqu'onles suit, on se met traverser la distinction usuelle entre mots et choses, onne voyage pas seulement dans le monde, mais aussi dans les matires difrenieJd I'expression. Une fois dans les centres, un autre mouvements'ajoute "u p..*i.t

    qui permet la circulation de toutes les inscriptionscaables d'chaneer enrie elles cerraines de leurs proprits. La coh-r.... optiqu. d.Jphnomnes rapports autorise eh efet cette capitali-sarion qui parat toujours aussi iomprhensible que celle de I'argent(f igure l3).

    TABOMTOTRES, BIBLIOTHQUES, COLLECTTONS 39

    L'ensemble de cette galaxie chevele - rseaux et centre - fonctionnecomme un vritable laboratoire, disloquant les proprits des phno-mnes, redistribuant I'espace-temps, procurant aux u capitalisateurs > unavantage considrable, puisqu'ils sont la fois loigns des lieux, relisaux phnomnes par une srie rversible de transformations et qu'ilsprofitent du supplment d'informations ofFert par toute inscription toutes les autres. Une bibliothque considre comme un laboratoire nepeut, on le voit, demeurer isole, comme si elle accumulait, de faonmaniaque, rudite et cultive, des signes par millions. Elle sert plutt degare de triage, de banque, jouant pour I'univers des rseaux et des centresle rle de Vall Street ou de la Ciry pour le capitalisme. Pour prendre unautre exemple, elle apparat, dans cette description, comme un grandinstrument de physique, comme les acclrateurs du CERN, obtenanten leur sein des conditions extrmes, qui redistribuent les proprits desphnomnes soumis des preuves qui n'existent nulle part ailleurs etque svent saisir, reprer, amplifier des dtecteurs gants construits pourI'occasion.

    Or) se trouvent les phnomnes, demandera-t-on ? u Dehors, l'ex-trmit des rseaux qui les reprsentent fidlement r, diront les uns.u Dedans, fiction rgle par la structure propre de I'univers des signes u,diront les autres. Les ralistes comme les constructivistes, les pistmo-logues comme les lecteurs de Borges, tous voudraient se passer de I'en-semble trac par les rseaux et par les centres, et se contenter soit dumonde soit des signes. Malheureusement, les phnomnes circulent trauers l'ensemble et c'est leur circulation seule qui permet de les vri-fier, de les assurer, de les avrer. N'oublions pas que les beaux mots deconnaissance, d'exactitude et de prcision perdent leur sens hors de cesrseaux, de ces transformations, de ces eccumulations, de ces plus-valuesd'information, de ces renversements de rapports de force. Autant vou-loir sparer l'lectricit domestique des rseaux assurs par EDF ou lesvoyages en avion des lignes d'Air France.

    On comprend alors I'obsession de la gomtrie, des mathmatiques,des statistiques, de la physique, de la mtrologie, pour la notion deconstante.Il s'agit toujours, en effet, par I'invention d'outils chaque foisplus subtils, de conserver le maximum de formes et de forces travers lemaximum de transformations, de dformations, d'preuves. Ah, tenirun point et, par une srie de simples transformations, de simples dduc-tions, rengendrer tous les autres, volont ! Les meilleurs esprits se sontenthousiasms pour ces inventions qui ne les loignaient pourtanr pas,au contraire, de la recherche du pouvoir et de la cration de collectifstoujours plus vastes et toujours mieux ( tenus )).

    Pour comprendre cette bizarrerie, il faut s'intresser au trait le plus

  • 40 DE L,ORDRE DES LIVRES T-t CANTE DES SAVOIRS

    curieux de ces rseaux de transformatio.n, c'est--dire leur relativit'i;;;lu-pl. rimpl. de la.perspective, bien tudi.par lvins et par;l;"k.;;i. "rr', 1., Jrtittt faiis sans perspective' le lecteur ne Peut

    Fie. 14. Mr. \Yilhinson\ Bradly Forge Engine Working Gear' Scale 't/8 to the inch'',.'1rir,i;'k. ;;r;;';i e.i:"iiii,i';;;h; E"ginee"" Lutherword Press' Guitford'

    Sussex, 1981; D.R,

    dduire l,ensemble des positions de I'obiet dans I'espace (figure 14) 'Comme le dit Edger,o t u On ne tourne pas derrire..une vierge deCimabue22., Dans ;;;ttit ;; ft"ptttiut unique' .fitalienne' il estpossible d'imaginer ja"ittt pttll io"^t.dt I'obiet dans I'espace' mais le5""r, ;;;"; n T,ri, doit occuper la position privilgie que le peintre

    a;;;. fri.'p""ri.tti",i..n"iqu., obis"sant ux rgles de la

    eomtrie proiective - et aux conventions concernant les ombres' les cou-

    r.il;1.iryl""r., _,-it.r, porsible au lecteur (comptent) de recons-tituer la pice dans toures ses positions travers fespce. Avec le dessinilJ;Ji la Monge, i" ,.l"tiuit fait un pas de gant' l e d11l1ent sra-;ir;;ili!; r;tt.r_.o-. dans une carte mais en trois

    dimen-sions _ ta totalrte o.r.Iiii""r, ;i;;iq;. la rotalit des points de vue du,i",*r. f."*t f.."f"ri;i;; il ti;t et toutes les positions de I'obiet'ili'Z'4..i.,' ,i [;";; i; p''i' """'p*:i]: ^ 1'-'"-:':|-11:"":.:,r"u.rri'.rp"ce sans modifir eucunement les rapports entre les parttes quti.ffiiirfi;. il ;t;l;;;t bb-;rvareur ni pe'spective privilgis'

    l .A l l ( ) l { I ( ) l l {ES, B l l l [ . loTHQUES, COLLECTIONS 4 l

    En fait, comme dans la relativit d'Einstein, il existe bien un obser-**,r.priuilgi, celui qui, dans le centre de calcul, peut capitaliser I'en-semble des de"ssins, des onnes, des relevs, des cartes, des observattons';"-*y;, p", tous les observareurs dpouills de tout privilge, .lt*-ry"_,salement, par une srie de corrections, de transtormes' de reecrltures'd? conuersins, les rendre rous compatibles.2s. C'est iustement parce queles observateurs dlgus au loin perdent leur prtvtlege - relailvlsme -que I'obse*ateur ce,itral peut laborer son.panoptique.,- relativit - et tro,ru.t prsent simultanment dans tous les lteux ou il ne resloe Pour-ranr pas. '.r, ..,,. ngociation pratique entre les observateurs de Iap*ipllri. er ceux du ce"nt.e qui dnne hair_et sens I'expression, sansi.l"iid., de u lois universelleio. Ds qu'un observateur, un instrument';;;"il["r devient trop spcifiq.te, trop.p"rticulier, trop idiosyncra-ticue. il interrompr le dplacement des mobtles rmmuables' ll a,oute cei;iiil ;;; i" tin., il a'ffaiblit le centre de calcul, il emp^che I'obser-ii"r

    "ii"iteeiJfe capitaliser, c'est--dire de connatre24. On le voit, Ies

    ;;;;;;;i;,. ri;.;t ni I'extrieur ni I' intrieur des rseaux. Ils[;i;;;d;"t une cerraine faon de se dplacer quioptimisele maintiendes relations consrentes, malgr le transpott et la diversit des observa-t.urr. L" perspective, la thTorie de l relativit, la gomtrie sont;;";;;;'., "Jt,i*f.s quiassurent

    aux inscriptions soit leur mobi-lir, soit leur immuabilit. ll en exisre beaucoup d'au.tles,, molns gran-dioses, comme I'empaillage, I' imprimerie, le modle rduit, Ia conserva-;;;;;;i;;o,. iiqrlia. oi 1..^r,"ge pour prlever des chantillons25.

    Tous ces moyens i, .nr.-bl. i.i-.ttnt de n tenir u les phno--e"., I .o"ditio" de les transformer, en recherchant _chaque fbis ceoui se maintient consranr travers ces transformations. La vrdiction;;'"t.;;;";-. l" ,up.tposition d'un nonc et d'un tat du monde,;;tr;;;rit;"r"ioi" raintien continu des rseaux, des centres et des;;t'il;;'"bl;; o;i y circulent. Le mot vrit ne rsonne pas lors-ou'une phrase s'"tt".h. une chose comme un wagon un eutre wagol'.'.i;^i.';;li.;;;;;" de l'adequatio rei et inlellectus. Il faut. pluttii."d.. .o--. le ronronnement d'un rseau qui tourne rond et quis'tend. on comprend alors _que les institucions comme les biblio-ifr.".r, les laboraioires, les collctions ne soient pas de simples moyens;;;i;; pttt"ii se dispenser aisment, sous pftexlt q",e l;s nhinlmnes prleraient par eux-mmes la seule lumtre cle la rarson.Ji;"il;l;; ;;, Lu* "urr.r,

    i ls composent les phnomnes qui n'ontd'existence que pr cet talement travers Ia srie des transformtlons.

    Une telle irin, qui parat fort loigne du ralisme I'ancienne, nenous ramn. po,rrr", p"r "u seul ieu.

    Jes signes, cer cette srie de trans-formations " i.rr,.'-,.,..,i

    pou,. p"rti.,.rlarit d'e traverser continuellement

  • et rversiblement la ou les limites des signes et des choses. L'obsessionoour Ia consranre, po,ri l. -"intien de t"ipottt stables travers les trans-"r-"ir.ii;ilr5;;-.r, n. r. *^ni.it. pas seulement entre les ins-:;;;;;;'^". a"rr le cas de la perspective ou du dessin techniq'e';ii: :#",it f;;; ;il ;"i'.-.n, e.,ore'lo.sq u' il faut mainten ir-u' Pl'-nomne rravers f.r ,t""rf.r"iio.rt qui le fnt Passer de la matire laforme ou, inversement, de la forme la matire'

    Revenons I l'.".-ii.*ti-pit de la. cartoglaph ie' f:ql,i: vrifi erl'";;;i;; . l" ."rt. avec son territoirei lpo.:sible- 1:,ITP]:::directement au monde - moins de refaire le travail colossal qul Permrt

    """ "tti"i, aux La Condamine, aux Vidal de La Blache de renverser la

    ;;;;;; '..i i. a"-inr.,,, .. domins, ce qui supposerait d'autresi.,rttutionr, d'autres moyens' d'autres instruments'.L'n prattque' nousappliquons le texte de la carte un repre inscrtt dans le.paysageiilr}, i et l6). No* r.,rouvons les doigts points de tout I'heureiZ. -e-. ieu subtil de I'absence et de la prsence' Ce voyageur Presse;;; d, ii*i1"."". du mtro et put it..n.g-t carectres Ie nomilii'ilil;t ;;;'pona n celui, plus petit, d la carte. Cette dame

    42 DE L'ORDRE DES LIVRES T-q. CARTT, DES SAVOIRS

    Fig. I 5 er 76. Photos S. Lagoutte'

    TABORATOIRES, BIBLIOTHqu rs' co t'Ll1('' l l ( ) N s 4 l

    oointe avec le doigt le nom de la rue et met en correspondalct'.P{ u.nffiii; il;;;;i-i. i" ie..,le nom quise trouve suison plan de Pariset'sur les plaques de rue 26. Les deux inscriptions - la premlere sur la carte'i; ;.;i;,lr; t"" pr.t."rr. - sont-elles tbutes,.deuf des signes? Certes,mais dans .rr, ,"ppor, lui "o"r

    loigne de I'intertextualit. Ces deuxesoces de signes, ."r,., , pancartes, Jigns les uns sur les autres et tenus;i'; ;;'; ;;'-;; i nrii u, io "'

    ( I' 1ist i tut go grap hique n ati o n al' lesi,;;;'h;*rr, i. i"it,tr. d. i'Intrieurl, nui perhettent, de pas-ser de la carte au territoire en ngociant en douceur le dcrochementnorme qui spare ,rt

    --ot..^u de i'apier que I'on domine du regard d'un

    ffi'ff1li;; il;;;;; .r,io,r. d to,.,s cts. Naturellmenr, la,r";,;;r,. p"r l.i;-pl;;menr de la pancarte dpend d'un rgle-ment du ministie de I'Intrieur; le reprage des rues s'aPPule son tour'Dar un autre dcrochement, sur les bornes godsiques^qxe I on retrouve!."iil il;;;;;;;;t" ;u'f'achement p'i""' neuf' Passe-t-on enfin;;;l;;;i *l"ir..r" ? P"r-.r.or., car les triangles du rseau national nousi.r"ii,ilr;iJ;;; tilb"liri pour 'o'.r, "Iigr'.' sur d'autres amers

    dis-;;iil;ilri."* f.it"e,r., o sur des s"te-ilit.s loigns de plusieurs;iil.;r"i. kii"-!"* ., grs par d'autres institutions. Les inscriptions;;^;;;;"i;;f p", d""tl.?ia. i d'"""" signes' puisqu' c,haque dcro-:i.r".n.iirt*.i;;t . *"tiet. et se le*ent I'une I'autre de vali-dation. Et pourtant, on ne.Peut en parcourir la chane sans trouver' der-rire la ci-d.evant ..r",ir., d",r,r., ,.t"tq,t.t, d'autres institutions qui ontJJil " oreo"re l. t.roin " "nt

    que sa letture devienne compatible' mal-

    ;ii. ft.ffi;;;;;,;;..1"."",. que ie"tiens en main. Si nous souhai-tons saisir comment .ro.N p"*."ont p"tfoit dire vrai, il faut substituer,l;t-t.i.;". dir,in.,io"."'ti. tt t""g"gt et le monde' ce mlange d'insti-tutions, de formes, de matires et d'inscriptions'. . ,' -

    ;;; ;;;fb i, ;. p;r*, de bibl iothque, de laboratoire, de.collectionsans Dour autanr p.r.i.. ni le savoir ni la'raison. C'est croire la u nature;^ii;il;;;i;r de la science,, comme dans cette statue d'Ernestil;;q;; io" ito"u" ".r Co.rr.*",oire des

    rts et mtiers O.::^12:. -rrth'. n'esr pas r.ul.*.n, criricable par son sexismex, il l 'est aussroar la'nudit teriifiante dans laquelle il laisse survivre la Nature comme';il;;;;; ;1";. . ,or,'p',its' Tout :: que nous,vons apprisrcemment des sc'iences' et que j'ai rappel ici trop. raPldement' nousmontre ",., .o.ttr"ir.

    i" "g.iteiettit, qipt' gt"sse' insirumente' co-

    reuse, dplov., ,iJhJ, i;t ':ht;th;u'J f"i '"nt-bien autre chose que de.;;il;i* i.--ond. "n, u., drisoire peep-show. Les litteraires commeles scientifiques, mais pour des raisons opposes' ne semblent Pas Pou-voir reconntre la fis le rle des lieux clos, oir s'labore Ia connars-sance, et les rseau;;tt;"#; ;t violents, travers lesquels circulent les

  • Fig, 17 . E. Bramar, La Nature se dvoilanr la Science, 1895; photo B. Latour.

    phnomnes. Les littraires croient le langage autonome et libre de neif.r.r rien, les scientifiques voudraienr ie [asser du misrable truche-ment des mots, afin d'accder directement aux choses. Or ces lieux silen-cieux, abrits, confortables, dispendieux, o des lecteurs crivent et pen-sent, se relient par mille fils au vaste monde, dont ils transforment lesdimensions comme les proprits.

    Prenons, pour finir, un dernier exemple, extrme je I'admets(figure 18). Voici I'une des War Rooms dans lesquelles 'W'instonChurchill menait la dernire guerre, abrit des bombes dans un bunkercreus sous 'Westminster que l'on a ouvert au public aprs I'avoir res-taur. Dans ce lieu abrit, on ne voit aux murs que des inscriptions, descompilations statistiques et dmographiques sur le nombre de convoiscouls, de soldats morts, de fournitures militaires en production. Ce lieun'est pourtant pas isol de la grande bataille plantaire. Au contraire, ilIa rsume, la mesure, lui sert, littralement, de modle rduit. Commentsavoir en efFet si I'Axe gagne ou non sur les Allis ? Personne ne peut le

    Fig. 18. Photo Imperial War Museum.

    reconnatre avec certirude sans construire un n dynamomtre , mesurantle rapport des forces par une srie d'instruments statistiques et de dnom-brements. Comme le cabinet de notre cartographe, ctte salle basse etprotge des bombes s'attache par mille intermdiaires - dossiers, fiches,bordereaux, rapports, valuations, photographies, comptages, stocks - prlever des informations sur la bataille qui fait rage au dehrs, mais dontle sens global serait perdu sans ce panoptique, sans certe compilation denotaire28. Malgr son caractre martial, je prtends que ceme situationressemble plus au lien qui rattache un lecteur, pench sous I'aurole jaunede la lampe, au monde qui I'entoure que les mythes pervers d'une vritdvoile par la science ou que la bibliothque interminable de Borges.C'est parce que les laboratoires, les bibliothques et les collectioni sebranchent sur un monde qui reste sans eux incomprhensible qu'ilconvient de les soutenir, si l'n s'intresse la raison. D'aprs ChrislianJacob2e, il semble que la bibliothque d'Alexandrie ait servi de centre decalcul un vaste rseau dont elle tait [e bassin versanr. Les Ptolmesn'taient pas grecs pour rien. I 'empire d'Alexandre savait bien ce qu'onpeut renverser de forces avec l'empire des signes30.

    Bruno LarouRavec la collaboration d'milie HEruanNr

  • 46 DE L'ORDRE DES LIVRES I.A CARTE DES SAVOIRS

    NOTESl. Daston, 1988, pp. 452-470; Latour, lVoolgar, 1988; Daston, Gal ison, 1992, pp. 8 l -12E,2. Pour la dfinirion du terme, voir Latour, I 989 (Folio, I 991) et pour des exemples nombreul,

    voi r Latour, De Noblet , 1985.3. Voir le passionnant article de Star, Griesemer, 1989, pp. 387-420.4. Sur les sparations entre I'extrieur et I'intrieur du laboratoire, voir les importants travaur

    de Shapin, 1990, pp. 191-218l ' Shapin, 1990, pp.37-86, et Shapin, 1991, pp. 324-334.5. la notion de mobile immuable et combinable s'applique, on le voit, aux choses comme llu

    signes. Pour une prsentation de la thorie, voir Latour, 1985, pp. 4-30.6, u Nombreux sont cependant, parmi l'lite de la pense et de la culture, ceux qui ont adopt

    ce nouveau langage par choses. Ils ne lui trouvent d'ailleurs qu'un seul inconvnient; c'est que.lorsque les sujets de conversations sont abondants et varis, I'on peut tre forc de porter sur sondos un ballot trs volumineux des differentes choses dbattre, quand on n'a pas les moyens d'cn-tretenir deux solides valets cet effet. ' Swift, Paris, Gallimard, La Pliade, 1965, p. 195.

    7. On trouvera dans Desmond, Moore, 1991, la description la plus fouille et la plus convaincantcdes rapporm tablis entre le travail du savant, ici Darwin, l'intrieur de sa collection (prive) ct lcr6eau de ses correspondans qui couvre un moment tout I'Empire britannique en construction.

    8. On trouvera I'argument d'ensemble dans Latour, 1993.9. Butor, Branger, 1981.10. C'est ce qui rend possible l'(ethno)science des modernes la supriorit qu'elle acquiert cn

    ef fetsur l ' (ethno)sciencedesanciensetpermetdeposer laquest iondelasymtr ie(Latour, l99l ) ,malgr I'ignorance manifeste des anthropologues de profession.

    I l. Voir I'histoire de cette forme de premire rvolution audiovisuelle dans Ford, 1992.12. Voir, par exemple, Knorr-Cetina, Amann, 1990, pp. 259-283, et le recueil de Lynch,

    Voolgar, 1990.13. Voir le magnifique exemple dvelopp par Mercier, 1987, et Mercier, 1991, pp.25-34.14. VoirJacob, 1992.1 5. [r livre classique sur cette grande question (historique et cognitive) de la synopticit de I'im-

    prim reste celui d'Eisenstein, I 991 .16. Tuf te, 1984 et 1990.17. Dagognet, 1987.18. Pour une description ethnologique des gestes obligs du ralisme, voir I'excellent article dc

    Ashmore, Edwards, Potter, 1994, pp. l-14.19. Voir le magnifique livre de Marin, 1989.20. Trystram, 1979.21. Iv ins, 1953; Booker, 1979.22. Edgerton, 1991.23. Latour, 1988, pp.3-44.24. Mallard. 1991.2J. Y oir le passionnanr exemple donn par Bowker, I 994.26. Je remercie le photographe Stphane l-agoutte d'avoir pris pour moi ces photos.27 . Yoir sa critique dans Merchant, 1980.28. Pour une analyse trs foucaldienne de cette cration par la comptabilit des panoptiques, voir

    Miller, 1992, pp. 61-86, et pour une utile compilation des inventions techniques lies ces dnonr-brements, voi r Beniger, 1986.

    29.Yoir infa, p.69-74.30. Voir Serres, 1993.

    2 .

    Lire pour crire:navigations alexandrines*

    ( )rrll int', rrrodle fondateur de tout projet de rassemblement de la,', nlrnc crite, la bibliothque d'Alexandrie parat, de nos jours,. rilnn.ili lnlcnt abstraite et paradoxalel. comment une telle institution, r , l l. l)u s'vanouir dans la tradition au point de nous laisser si peu de,1,r , i lnt( 'nts sur son fonct ionnement, son Personnel, son architecture," 'n . t rnro\phre2? tudier Alexandrie aufourd'hui, c 'est devenir soi-,,r(.r( .rlt 'xandrin et suivre un fil d'Ariane souvent interrompu dans les,.r .rr(lr('s clc la tradition antique.

    \1.'r.rrrclrie n'est pas le prototype de ces cathdrales du savoir quer ' ,nt n()s sal les de lecture. C'est une bibl iothque d'Etat, mais sanst,,,l,lr. ', ckrnt la finalit n'est pas la diffusion philanthropique et du-,,r,,, ' .lu savoir dans la socit. mais la thsaurisation de tous les crits,1, l.r rt'r 'r 'c, alu cur du palais royal qui, lui-mme, constitue un quar-r r r r r l t ' l ; r v i l l ea .

    Itrlrliorhque au sens grec de n dpt de livres ), rouleaux de papyrus, rrr1,,t:s \rlr des tagres qui, Rome du moins, seront divises en casiers,,l,rr., ,lt 's niches ou contre les murs5, accessibles une lite de savants et'l lr,,rrrrrres de lettres qui lisent, conversent, travaillent et peut-tre ensei-r''' n( \or.ls des galeries couvertes et dans les salles adjacentes.

    | . xt'ruplarit de la bibliothque d'Alexandrie rside moins dans larrr,rnrn)ct'rtlit architecturale6 que dans la dcision, politique autant,1 , r r r r r t ' l l cc tue l le ,derassemblerenunmmel ieu tous les l i v resde la te r re ,t,r,.,( nrs ou passs, grecs et barbares. Cette accumulation va induire des, tl, r,, intellectuels particuliers, fonder des pratiques rudites de lecture, r , I t:t l iture, et une manire savante de grer la mmoire de I'humanit,, , { r(:.rnt un nouvel objet, I'hellnisme, la fois proche et lointain, carr,r', .r tl istilDce par la mdiation de l'crit.