pré-rapport Ile de Sein four à goémon

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L ITTO [email protected] Saint-Sula, 29 550 PLOMODIERN Tél. : 06 87 38 57 07 L ITTO Environnement littoral et patrimoine insulaire Inventaire des fours à goémon de l’Ile de Sein (Finistère) ...Le patrimoine insulaire révélé au gré des tempêtes... Rapport intermédiaire (mars 2016)

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Saint-Sula, 29 550 PLOMODIERNTél. : 06 87 38 57 07

LITTO Environnement littoral et patrimoine insulaire

Inventaire des fours à goémonde l’Ile de Sein (Finistère)...Le patrimoine insulaire révélé au gré des tempêtes...

Rapport intermédiaire (mars 2016)

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Inventaire des fours à goémon de l'île de Sein – Rapport intermédiaire, mars 2016

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier l'AMARAI et la région Bretagne – service Inventaire pour le partenariat engagéautour du patrimoine goémonier ainsi que le CMB ARKÉA et le Département du Morbihan,partenaires financiers du programme Breizhinien.

Ce travail n'aurait pas pu être réalisé sans M.-Y. Daire, Directrice de recherche à l'UMR 6566 duCNRS, présidente de l'AMARAI1, qui est à l'initiative du projet Breizhinien et qui m'a accordé saconfiance pour le suivi patrimonial de l'île de Sein.

Mes remerciements s'adressent tout particulièrement à Dominique Salvert, maire de l'île de Seinet à sa femme Sylvie, pour leur accueil et leur générosité.

Un grand merci à Alain Mercier, coordonnateur du projet Breizhinien et collaborateur passionnépar le patrimoine goémonier.

J'adresse également mes remerciements à Olivia Hulot correspondante au DRASSM pour m'avoiraccordé une autorisation de prospection sur le littoral de l'île de Sein et avoir suivi l'évolution dudossier.

Merci aussi à Jean-Pierre et Dominique Kerloc'h pour les échanges réguliers et les référencesbibliographiques sur le patrimoine de l'île.

Une pensée amicale pour les collègues archéologues qui se mobilisent autour du projet Île de Sein,notamment : Marie-Yvane Daire, Laurent Quesnel, Catherine Dupont, Marine Laforge, PierreStéphan, Anne-Lyse Ravon et Yvan Pailler.

Spéciale dédicace à Sophie, Marie Lou et Ninon Dutouquet, pour le soutien et la confiance qu'ellesm'accordent.

Enfin, l'inventaire préliminaire des vestiges goémoniers de l'île de Sein a été l'occasion derencontres et d'échanges avec les Sénans qui m'ont fourni de précieuses informations relatives auxfours à goémon. Je tiens à les remercier chaleureusement pour leur accueil et leur implication, deprès ou de loin, dans ce projet et espère sincèrement que ce travail permettra de mieux connaîtreet de mieux préserver leur patrimoine.

Avec le soutien financier de :

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1 Association Manche-Atlantique pour la Recherche Archéologique dans les Îles

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SOMMAIRE

I- Contexte............................................................................................................4

II- Méthodologie de prospection...........................................................................5

II.1- Indices retenus pour la reconnaissance des fours à goémon.........................................5 II.2- Degrés de certitude dans la reconnaissance des fours à goémon..................................7 II.3- Enregistrement des données.…......................................................................................7II.4- Toponymie et localisation des vestiges...........................................................................8

III- Cartographie, inventaire et description des fours à goémon de l'île de Sein......9

III.1- Cartographie des fours à goémon de l'île de Sein..........................................................9III.2- Inventaire et description des fours à goémon................................................................9

– Les fours restaurés (FR)........................................................................................9– Les vestiges de four (VF)......................................................................................10– Bilan des caractéristiques des fours à goémon de l'île de Sein............................28

IV- Premier bilan et perspectives de recherche.....................................................29

IV.1- Premier bilan.................................................................................................................29IV.2- Perspectives de recherche.............................................................................................30

Bibliographie........................................................................................................32

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Inventaire des fours à goémon de l'île de Sein...Le patrimoine insulaire révélé au gré des tempêtes...

Rapport intermédiaire

I- Contexte

L’AMARAI est une association née en 1988, à l’initiative d’archéologues, tant chercheursprofessionnels qu’amateurs passionnés, partageant le même intérêt pour les îles et le littoral del’ouest de la France. Elle met en œuvre et soutient des opérations archéologiques sur les siteslittoraux et insulaires et réalise différentes études sur le patrimoine culturel qui leur est lié(pêcherie, goémon...).

L’AMARAI pilote également le programme ALeRT (Archéologie, Littoral et RéchauffementTerrestre), visant à recenser et à étudier les sites archéologiques littoraux directement menacés dedestruction par l’érosion marine. Le principe est simple : alerter, intervenir et sauver l’informationarchéologique avant qu’il ne soit trop tard...

Dans le cadre de l’appel à projet «Participez à l’inventaire du patrimoine culturel en Bretagne»lancé par la Région, l’AMARAI mène BREIZHINIEN, programme de démarche participative faisantappel à tous les acteurs et intervenants du littoral : élus en charge des affaires culturelles et dutourisme, responsables de structures locales, gardes spécialisés, services communaux, chercheurs,érudits locaux, promeneurs...

Il consiste en un inventaire systématique des installations d’exploitation d’algues présentes sur les250 communes littorales de Bretagne et notamment des fours de brûlage, communément appelés«fours à goémon». Ce travail sera mis en ligne sur le site patrimoine.bzh de la Région et servira àsensibiliser tous ces publics à une meilleure prise en compte du patrimoine goémonier dans lesprojets d’aménagement et de gestion du littoral.

C'est dans ce cadre qu'un inventaire des fours à goémon de l'île de Sein a été réalisé. Après 5 moisde suivi bimensuel, il nous paraissait important de dresser un premier état des lieux de cepatrimoine. Ce rapport intermédiaire rend compte de l'ensemble des découvertes et de leursprincipales caractéristiques. Un suivi photographique, régulier et mis en place depuis octobre2015, a notamment permis, de mettre en évidence la vulnérabilité de ce patrimoine régional face àl'érosion marine. Ainsi, cet inventaire se situe à l'interface du programme Breizhinien et duprogramme ALeRT. La poursuite du suivi permettra sans aucun doute d'affiner et de compléterl'inventaire des fours à goémon de l'île de Sein dont les résultats seront consignés dans un rapportfinal.

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II- Méthodologie de prospection

II.1- Indices retenus pour la reconnaissance des fours à goémon

Les fours à goémon sont composés d'un assemblage de dalles lithiques agencées dans unetranchée préalablement creusée de 5 à 7 m de long, 0,6 à 0,8 m de large et de section trapézoïdale(Arzel, 1987, p. 207). Ces structures étaient généralement situées à proximité du rivage (Fig. 1).

Fig. 1 : Vue générale d'un four à goémon (Cl . M. -Y. Daire)

C'est pourquoi, lors des prospections, une recherche systématique des dalles rubéfiées a étéeffectuée sur la frange littorale de l'île de Sein. En effet, elles constituent de bons indices deprésence de four car elles sont facilement repérables du fait de leur couleur, même au sein desinnombrables galets qui ceinturent l'île. Bien évidemment, le moindre caillou rougi ne témoignepas forcément de la présence d'un four à goémon. Mais les dalles utilisées pour l’élaboration desparois de four ou du dallage de fond ont des caractéristiques bien particulières qu'il estrelativement aisé de distinguer des autres cailloux naturels. Il s’agit généralement de dallesdécimétriques relativement plates (0,35 à 1 m de long, 0,35 à 0,50 m de large, 0,08 à 0,20 md'épaisseur) bien régulières généralement issues d'un granite à grain fin, type microgranite (Arzel,1987, p. 207). Ces dalles, généralement très rubéfiées du fait des fortes montées en température,ont parfois éclaté sous l'effet de la chaleur (Fig. 2).

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Fig. 2: Fragment de dalle de granite rubéfiée issue du VF 8. Notez la zonation dans la rubéfaction (Cl. L. Dutouquet)

Compte-tenu des mouvements des cordons de galets, des phénomènes érosifs constatés surcertaines zones de l'île et des forts courants et houle qui sévissent dans ce secteur géographique,des dalles peuvent être remaniées et transportées par la mer avant de s'échouer au sein d'uncordon sans pour autant témoigner de l'existence d'un four à cet endroit. C'est pourquoi, différentstypes d'indice sont recherchés, leur combinaison permettant de valider l'existence d'un four.

Ainsi, une attention particulière a été portée aux dalles plantées de chant qui peuvent révéler deséléments de paroi de four, un de ses angles ou une dalle de cloisonnement interne. De la mêmemanière, un agencement de dalles rubéfiées posées à plat peut suggérer le dallage d'un fond defour. Dans certains cas, les fours sont totalement ensevelis sous la végétation et seule la partiesommitale des dalles plantées de chant apparaît. L'érosion marine révèle souvent les fours encoupe longitudinale (Beg al Lann, n°9, Fig.) et parfois en coupe transversale (Beg ar C'Hale, n°34(Fig. 3) et Kilaourou, n° 38). Ces coupes naturelles offrent une belle opportunité pour étudier lamanière dont ils ont été construits. Elles témoignent également de l'orientation variable des fourspar rapport à la côte.

Fig. 3 : Coupe transversale d'un four à goémon (à gauche), coupe longitudinale (à droite).6

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II.2 – Degrés de certitude dans la reconnaissance des fours à goémon

La découverte d'un ou de plusieurs indices précédemment cités en un point précis de l'île et sur unsecteur favorable (bord de côte, zone d'accumulation d'algues), permettant de certifier del'existence d'un four, a été comptabilisée comme un « vestige de four certain ». Pour des raisonsde commodités dans l'enregistrement, un numéro a été attribué à chaque structure (ex : VF 12).

Les tempêtes hivernales provoquent d'importants transferts de galets modifiant profondémentnotre perception du paysage. Ces mouvements peuvent découvrir certains fours mais égalementen recouvrir d'autres ou les détruire... Cette situation particulière et mouvante n'a pas facilité lerepérage et l'enregistrement des structures. C'est pourquoi, les numéros attribués au four n'ontaucune logique géographique et que certains d'entre eux contiennent un ' ou un '' (ex : VF 8'), ils'agit dans ce cas de nouveaux fours découverts au fur et à mesure du suivi.

Lorsque plusieurs dalles rubéfiées (> 7) sont disséminées sur un même secteur mais qu'aucuned'elles n'est en place, le four a été considéré comme ruiné et il est comptabilisé comme un« vestige de four probable ».

Lorsqu'une seule dalle rubéfiée est détectée mais qu'elle n'est pas ancrée au sol et qu'aucun autreindice ne permet de valider la présence d'une structure de combustion, elle n'a pas étécomptabilisée dans l'inventaire. Un bilan des critères utilisés pour la dénomination des vestiges defour est présenté ci-dessous (Fig. 4).

Fig. 4 : Critères utilisés pour l'inventaire des fours et et typologie des vestiges.

II.3 - Enregistrement des données

Le suivi des fours à goémon est effectué toutes les deux semaines sauf quand les conditionsmarines ne permettent pas le passage du navire de la Penn ar Bed (janvier 2016). Compte tenu deshoraires de traversée et des coefficients de marée (Kilaourou n'est accessible qu'à partir d'uncoefficient 70-75), deux jours de présence (10 heures effectives de prospection) sont nécessairespour faire le tour de l'île. A chaque passage, un relevé photographique sur point fixe est effectué.Les photos sont ensuite enregistrées par date de prise de vue. Couplées aux prévisionsmétéorologiques, elles permettent un suivi diachronique des fours entre chaque tempête. Unedescription détaillée de chaque four a été réalisée et comprend des informations relatives à sa

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Type d'indice Nombre Signification Informations indirectes Dénomination Inventaire

Dalle plantée1 Possible élément de paroi ou dalle de cloisonnement profondeur du four Vestige de four probable

plusieurs Eléments de paroi profondeur du four Vestige de four certain

Dalle posée à plat1 Possible dalle de fond aucune Vestige de four probable

plusieurs Eléments de dallage de fond largeur approximative du four Vestige de four certain

Angle1 Eléments de paroi largeur et profondeur du four Vestige de four certain

2 Eléments de paroi dimensions et orientation du four Vestige de four certain

Dalle remaniée1 Aucune aucune non comptabilisé

plusieurs Eléments de four ruiné aucune Vestige de four probable

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longueur, à sa largeur et à sa profondeur, à son orientation, au type de roche utilisée pour sonélaboration, à la présence d'éléments architecturaux caractéristiques (angle, paroi, dalle de fond,dalle de cloisonnement), à son état de conservation et à ses éventuelles particularités. L'ensemblede ces informations a ensuite été consigné dans un fichier Excel (Fig. 39, page 29) permettant lasynthèse puis l'analyse des données.

II.4- Toponymie et localisation des vestiges

La toponymie et la micro-toponymie constituent un outil précieux dans la réalisation d'inventairesnotamment pour la localisation des découvertes. Nombre de données, qu'elles soient naturalistes,archéologiques ou historiques, sont en effet inexploitables du fait d'un manque de précision quantà leur localisation.

Sans se doter de moyens techniques sophistiqués type GPS, l'indication des noms de lieu-ditspermet dans un premier temps, de localiser, sur un fond cartographique approprié et de manière àpeu près fiable, les points de découverte ou au moins le secteur auquel ils appartiennent. Parailleurs, les noms de lieu-dits fournissent parfois de précieuses informations quant à l'histoire d'unsite et sont, de plus, généralement connus des locaux. C'est pourquoi les références toponymiquesretenues pour la localisation des vestiges de l'île de Sein sont issues de l'ouvrage de J. Fouquet(2000, p. 6-7). Dans le présent rapport, lorsqu'il est fait mention d'un nom de lieu local, celui-ci estsuivi d'un numéro se reportant à la numérotation proposée par J. Fouquet (Fig. 5), permettant aulecteur de retrouver plus facilement le secteur concerné. Par exemple, pour des vestiges localisés àBeg ar C'Hale, il sera mentionné « Beg ar C'Hale (n°34) ».

Fig. 5 : Toponymie de l'île de Sein. 1- Ar Milinou, 2- Porz an dilogod, 3- Porkazeg, 4- Phare de Goul-enez, 5- Arc'harvedog, 6- Sant Kourintin, Plas ar Skoul, 8- Ar Billiog-Vras, 9- Beg al-Lann, 10- Ar Roujou, 11- Ar Kostez Siaol, 12- ArGosteur, 13- Hent Kreiz, 14- An Aber, 15- Men-Neï Monument FFL, 16- Cimetière cholérique, 17- Miniounok ou Sphinx,18- Porzh-Meneï, 19- Karreg ar C'hloareg, 20- Beg Kae Beran, 21- Ar C'horejou, 22- Lenn Garnidok, 23- Ar Gribinog-Vras, 24- Ar Gui-Veur, 25- Lenn Ganna, 26- Pourdever, 27- Laïou, 28- An Treujeur, 29- Lia C'harnog, 30- Lenn et

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Fauchou, 31- Gwiniou Pella ou Niou, 32- Porkaïg, 33- Beg Argoll, 34- Beg ar C'hale, 35- Beg ar Groe, 36- Beg ar Gwin,37- An Eer-Vili, 38- Kilaourou, 39- Ar Roz, 40- Porz Doun ou Pourtoun, 41- Roc'h-Pigued, 42- Kanol ar Pelvan, 43-Nerroth ou an iarrod, 44- an Aod Simon ou Ochimon, 45- Quai des Français Libres, 46- an Aod-meur ou quaipaimpolais, 47- Ar Park ou avant-port, 48- Men-Brialet musées, 49- débarcadère basse-mer, 50- débarcadère maréehaute, 51- Eglise, Causeurs, monuments, 52- Nifran et calvaire, 53- Ar Milh ou moulin, 54- AR Gador, 55- Beg anAmbreg, 56- mairie et dispensaire, 57- La Poste et puits Saint-Guénolé, 58- Ar Roc'hig et terre-plein, 59- Ar C'hestell,60- Ar Gui-Vihan, 61- Poul Ar C'hountre ou port, 62- Karreg Koujou, 63- Ar C'hanoliou, 64- Tro Park an Aoter, 65- ArBiladog, 66- Ar C'harvog, 67- Korn ar C'Hole, 68- Hent an Dilogod, 69- Ar Poul, 70- Gribinog-Vihan, 71- Ar Gernig, 72-Karreg an Aneval, 73- Beg ar C'hi, 74- Ar Gouelvan, 75- An Aod Bras (source : J. Fouquet, 2000, p. 6-7).

III- Cartographie, inventaire et description des fours à goémon de l'île de Sein

III.1- Cartographie des fours à goémon de l'île de Sein

Sur la base des différents éléments définis dans la partie « Méthodologie de la prospection », unecartographie des fours à goémon a pu être dressée (Fig. 6). Elle recense les fours à goémonrestaurés et les vestiges de fours à goémon retrouvés lors des prospections.

Fig. 6- Cartographie des fours à goémon de l'île de Sein (source des données et DAO : L. Dutouquet)

III.2- Inventaire et description des fours à goémon

- Les fours restaurés (FR)

Deux fours de l'île de Sein ont été restaurés, l'un (FR2, Fig. 8) est situé au S de l'amer de Plas arSkoul au sein de la pelouse aérohaline, l'autre (FR1, Fig. 7) se trouve le long du sentier littoral,entre Beg Kae Beran (n°20) et Ar Biladog (n°65). D'après certains Sénans, ils ont été réhabilitésdans les années 1980-1990 à l'initiative d'Yves Guilcher. Ces travaux de restauration, entrepris parles îliens, témoignent indirectement de leur intérêt pour le patrimoine goémonier de l'île.

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Ces fours sont caractérisés par une longueur particulièrement faible (longueur FR 1 = 2,68 m,longueur FR 2 = 3,64 m, longueur moyenne = 3,16 m) par rapport aux vestiges de four dont nousconnaissons la longueur (pour 5 fours entiers, la longueur est comprise entre 4,90 m et 7,60 m,longueur moyenne = 5,97 m).

Fig. 7 : Vues générales du four restauré FR 1.

Fig. 8 : Vues générales du four restauré FR 2.

- Les vestiges de four (VF)

26 vestiges de four ont pu être retrouvés sur l'île de Sein. Ils ont été découverts successivement augré des tempêtes et peuvent, en fonction des conditions météorologiques, disparaîtrerapidement ; disloqués et emmenés par les vagues ou lapidés puis ensevelis sous les cordons degalets. Ainsi, une visite du 12 février avait permis la découverte de 4 nouveaux fours à Beg al Lann,le 20 février 2016, la moitié d'entre eux étaient disloqués, l'autre était recouverte de galets. Larapidité avec laquelle les fours sont démantelés montre l'intérêt d'un enregistrement instantanédes vestiges et de leur suivi régulier.

VF 1 est située sur la partie septentrionale de Beg ar C'Hale, le long du chemin à environ 30 mètresà l'W de la ruine rectangulaire en béton. Il est enseveli sous les galets et enfoui dans la végétation(Fig. 9), de telle sorte que seule la partie sommitale des dalles de granite sont visibles. Néanmoins,l'affleurement des deux angles et de plusieurs dalles constituant les parois permettent d'estimer lalongueur du four (4,90 m), sa largeur (0,60 m) et de lui attribuer une orientation globalement W-E.Le granite utilisé pour la confection du four est un granite à gros cristaux de quartz et comprendaussi des paillettes de biotite et de muscovite.

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Fig. 9 : Vue de l'angle E de VF 1 (à gauche). Vue de l'angle W de VF 1 (à droite). VF 2 est situé au bord de la touffe devégétation visible au centre/haut de la photo. Les traits rouges signalent les dalles rubéfiées.

VF 2 est situé un mètre à l'E de VF 1 et laisse apparaître, en vue de dessus, l'extrémité ouest d'unfour (Fig. 10). Il est formé par des dalles de granite rubéfiées et posées de chant. Le reste du fourest couvert de galets et enseveli dans la végétation. La largeur du four peut être estimée à 0,65 mtandis que l'orientation proposée est WSW-ENE.

Fig. 10 : Vue de l'angle W de VF 2 depuis l'W (à gauche). Vue du même angle depuis l'E (au premier plan) et de l'angleE de VF1 au milieu de la photo (à droite). Les traits rouges signalent les pierres rubéfiées.

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Les deux fours VF 1 et VF 2 ont la particularité de se situer à plus de 4,5 m de la crête du cordon degalets, côté intérieur de l'île. A l'inverse des autres fours, ils ne sont pas, pour l'instant, soumis àl'érosion marine. Si un programme de restauration de quelques fours à goémon était mis en placesur l'île de Sein, ils feraient des candidats légitimes. En effet, le phénomène d'accrétion côté N deBeg ar C'Hale les préservera de l'érosion. Situés le long du chemin, ils seront facilement repérablespar les visiteurs. Enfin, leur étude et leur restauration (qui consistera principalement à vider le fourdes galets qu'il contient) permettront de mieux comprendre les étapes de confection du four etson fonctionnement.

VF 3 se situe le long de la pointe de Plas ar Skoul, côté N. Il est matérialisé par un alignement deplusieurs dalles plantées de chant, globalement orienté E-W, et constituant une des deux parois dufour (Fig. 11). Les dalles sont élaborés à partir d'un leucogranite à grain fin. L'extrémité E de lastructure plonge sous la pelouse aérohaline tandis que l'angle W a déjà été engloutie par la mer.

Fig. 11 : Vue du VF 3 le 30-10-15 (à gauche). Notez la fracture dans dalle au premier plan (hauteur : 0,40 m). Vue du VF3 le 21-02-16 (à droite), la partie supérieure de la dalle fracturée a disparu. Le recul du sol a dégagé la seconde dalle eten laisse apparaître une troisième enfouie sous la végétation.

VF 3' est localisé le long la pointe de Plas ar Skoul, côté N, à une dizaine de mètres au SW de VF 3.Ce four est matérialisé par une unique dalle de granite, rubéfiée et plantée de chant etapparaissant sous un bloc de granite (Fig. 12) ainsi que par quelques dalles rubéfiées dispersées ausein du cordon de galets sous-jacent. La présence d'une unique dalle nous fournit peu derenseignements sur le four en lui-même. Ainsi aucune mesure n'a été réalisée, de même qu'il n'apas été possible de définir son orientation. Les événements tempétueux à venir révéleront peut-être d'autres informations.

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Fig. 12 : Vue de VF 3' depuis le S (à gauche). Vue de VF 3' depuis le N (à droite), notez la dalle rubéfiée au premier plan(dimensions en mètre : 0,47x0,38x0,09) et la dalle plantée de chant au second plan, au coin droit du bloc de granite.

VF 4 se situe le long de la pointe de Plas ar Skoul, côté N. L'angle révélé par trois dalles de graniterubéfiées posées de chant témoigne de la présence d'un four (Fig. 13) et permet de lui attribuerune orientation NE-SW. Les deux dalles constituant la paroi W font approximativement 0,40 m delong pour une épaisseur de 0,10 m. Le granite utilisé est un granite à gros grain de quartzcomprenant également de la biotite et de la muscovite.

Fig. 13 : Vue de VF 4 le 30-10-15 (à gauche) et le 11-02-16 (à droite).

VF 5 est situé le long de la pointe de Beg Kae Beran (toponymie relevée sur la carte de J. Fouquet,2003, p. 6-7) et est en état de ruine. Seules les nombreuses dalles de granite rougies et remaniéesen haut de cordon et les quelques dalles rubéfiées plus ou moins en place témoignent del'existence d'un four (Fig. 14). D'ailleurs, la présence d'un four restauré dans le même secteur etplusieurs témoignages recueillis auprès de Sénans attestent d'une activité goémonière dans cettepartie de l'île. Son état de conservation ne permet pas cependant aucune supposition quant à sonorientation et ses dimensions.

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Fig. 14 : Vue générales de VF 5.

VF 6 est situé au NNW de la carcasse du navire naufragé posée à la base du cordon de galets d'ArBiliog Vras et est orienté E-W. Il est relativement bien conservé. L'ensemble de la partie S estvisible sauf les 2 dernières dalles W. On note, le long de la paroi S, des éléments d'argile cuiteagencés avec des galets assurant l'étanchéité du four. Les angles E et W sont visibles ainsi que les 2dalles W de la paroi N, une dalle de cloisonnement encore en élévation et plusieurs dalles de fond(Fig. 15). Sa longueur est de 6,57 m, sa largeur de 0,6 m et la profondeur moyenne de 0,48 m.Lefour est élaboré avec des dalles de leuco-granite à grain fin.

Fig. 15 : Vue générale de VF 6 (en haut à gauche). L'étanchéité entre deux dalles était assuré avec un joint d'argile. On en voit quelques éléments, cuits lorsque le four était en activité (en haut à droite). Vue de l'angle W du four. On distingue les dalles de fond et une dalle de cloisonnement encore en élévation (en bas).

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VF 7 est situé en haut du cordon de galets d'Ar Biliog-Vras, orienté E-W, il est situé au-dessus d'unecarcasse de navire naufragé. On distingue l'angle W et la paroi S du four ainsi que quelques dallesde cloisonnement. La paroi N est, quant à elle, couverte de galets (Fig. 16). Le four est élaboré àpartir de dalles en leuco-granite à grain fin. On note une dalle particulièrement rubéfiéecomplètement rouge et fracturée en 3 parties, sans doute sous l'effet de la chaleur. La longueur estde 7,60 m, la largeur est comprise entre 0,65 et 0,75 m et la profondeur visible est d'environ 0,40m.

Fig. 16 : Vues de VF 7 le 13-12-15 (en haut à gauche) et le 15-11-15 (en haut à droite et en bas)

VF 8 est situé à environ 30 mètres à l'E du VF 7 dans la partie sommitale du cordon de galets d'ArBiliog-Vras. Il est orienté SE-NW, sa longueur est de 5,70 m, sa largeur est de 0,70 m et saprofondeur (visible) de 0,30 m. La bordure S du four est absente, déjà emportée par la mer. Parcontre, les angles E-W et la paroi N sont visibles ainsi que quelques dalles de cloisonnementdisloquées (Fig. 17). Les 5 dalles E de la paroi N ne présentent pas de traces de rubéfaction commesi le four n'avait pas servi de ce côté. Il est élaboré en leuco-granite à grain fin.

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Fig. 17 : Vue générale du VF 8 (en haut). Quelques dalles de la paroi N du four ne présentent pas de traces visibles de rubéfaction (en bas).

VF 21 est situé au sein du cordon de galets bordant l'anse d'Ar Biliog-Vras entre VF 7 et VF 8. Il estorienté SE-NW et composé de deux longues dalles de leucogranite plantées de chant et fracturéesainsi que de plusieurs dalles rubéfiées disposées à proximité et remaniées au sein du cordon degalets. Ce four a la particularité d'être situé environ un mètre pus bas que ses voisins (Fig. 18).

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Fig. 18 : Vues du VF 21, le 11-02-16 (à gauche) et le 21-02-16 (à droite). Notez la position du four par rapport à VF 8(pierre dressée au second plan) et l'impact de l'érosion (en 10 jours...) sur la conservation de ce patrimoine.

VF 22 est situé au sein du cordon de galets bordant l'anse d'Ar Biliog-Vras à quelques dizaines demètres à l'E de VF 8. Il est localisé en haut de cordon comme les VF 6, 7 et 8. Il est matérialisé parune portion de paroi N composée de plusieurs dalles fragmentées et plantées de chant et parl'angle E, la paroi S semble avoir totalement disparue (Fig. 19). Les deux types de granite (grosgrain et grain fin) ont été mis à crontibution pour la construction du four. Aux alentours, plusieursdalles rubéfiées sont visibles au sein du cordon de galets.

Fig. 19 : Vues du VF 22 le 11-02-16

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VF 23 est localisé au sein du cordon de galets bordant l'anse d'Ar Biliog-Vras à quelques dizaines demètres à l'E de VF 22. Il est situé en haut de cordon et est fortement dégradé. En effet, une seuledalle rubéfiée et plantée de chant est visible, accompagnée de plusieurs dalles disséminées encontrebas du cordon de galets et dans son revers interne (Fig. 20).Fig. 20 : Vues de VF 23. La dalle plantée de chant en haut de cordon (à gauche), les dalles rubéfiées projetées sur le

revers interne du cordon de galets (à droite).

VF 8' est localisé en haut de cordon de galets bordant l'anse d'Ar Biliog-Vras (n°8) comme les fours6, 7, 8, 22 et 23. Il a été découvert le 29-11-15 suite à une tempête. Il est matérialisé par deuxdalles de granite rubéfiées, plantées de chant et distantes d'1,5 m (Fig. 21).

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Fig. 21 : Vues de VF 8'. La dalle de granite plantée et orientée N-S. Du fait de son orientation, elle pourraitcorrespondre à une dalle d'angle ou de cloisonnement (à gauche). Vue d'ensemble des deux dalles plantées (à droite).Notez le niveau atteint par la laisse de mer. Les traits rouges indiquent les dalles rubéfiées.

VF 10' est visible sur la côte S de Beg ar C'Hale (n°34) le long de Beg Argoll (n°33). Il a été repéré le15-11-15, il est composée de deux dalles de granite rubéfiées posées à plat pouvant constituer desdalles de fond et apparaissant en coupe de micro-falaise à 0,50 m sous la surface du sol (Fig. 22).En contrebas, de nombreuses dalles de granite rubéfiées gisent au sein du cordon de galets.

Fig. 22 : Vues de VF 10' le 15-11-15 (en haut à gauche) et le 21-02-16 (à droite et en bas à gauche).

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VF 10'' est situé le long de la côte S de Beg ar C'Hale (n°34), approximativement à mi-chemin entrela roche Ar-Gui-Vihan (n°60) et Beg ar Gwin (n°36). Il est composé de deux dalles de granite à grainfin, rubéfiées, posées à plat et apparaissant en coupe à environ 0,50 m sous la surface du sol (Fig.23). Elles pourraient constituer des dalles de fond d'un four. Dans ce cas, l'orientation de ce dernierserait N-S. Elles sont accompagnées de plusieurs pierres rougies situées au contact direct desdalles ou dispersées aux alentours.

Fig. 23 : Vues générales de VF 10'' le 21-02-16 (à gauche), vue rapprochée à la même date (à droite).

VF 9 est situé sur la partie méridionale de la pointe de Plas ar Skoul (n°7), à la limite entre la zonesupra-littorale et le haut d'estran. Il se situe approximativement à 30 m au SW du four restauré. Le28-11-2015, la partie visible du four (orienté E-W) comporte les angles W et E et la paroi S (Fig. 24).Il est élaboré en leuco-granite à grain fin, sa longueur est de 5,10 m. Pour connaître la largeur et laprofondeur du four, il faudrait dégager les galets qui le recouvrent. On note plusieurs dallesrubéfiées en contrebas du four, intégrées au cordon de galets.

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Fig. 24 : Vues générale (page précédente) et zénithale (ci-dessus) de VF 9.

VF 10 est situé sur la frange S de la côte de Beg ar C'Hale, en haut de cordon, parmi la végétation àcriste marine. Le haut des parois N et S affleure de manière incomplète. La largeur observable dufour atteint 0,70 m. La paroi S est visible avec une hauteur avoisinant 0,40 m (Fig. 25). La longueurpartielle du four est de 3,30 m. Le reste du four est en effet enseveli dans le cordon et dans lavégétation. Le granite utilisé est un leucogranite à gros grain de quartz comprenant également despaillettes de biotite et des plaquettes de muscovite.

Fig. 25 : Vue de VF 10 le le 15-11-15 (à gauche) et le 21-02-16 (à droite).

VF 11 se situe après VF 10, en allant vers Kilaourou, à environ 300 m de la digue orientée N-S. Il estcomposé d'une unique dalle de leucogranite à gros grain de quartz plantée de chant (Fig. 26),d'une longueur avoisinant 0,60 m et une largeur maximale égale à 0,16 m. Autour, plusieurs dallesrubéfiées sont disséminés sur le cordon (Fig. 27), confirmant la présence d'un four, aujourd'huiquasiment disparu.

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Fig. 26 : Unique vestige de VF 11 encore en place.

Fig. 27 : VF 11 et les dalles rubéfiées.

VF 12 est situé en haut de cordon de galets à environ 200 m de l'extrémité E de Beg ar C'Hale. Il estélaboré à partir de deux types de granite dont un leucogranite à grain très fin. Les parois N et Ssont en partie conservées et visibles uniquement sur la partie sommitale, la verticalité du fourétant remplie de galets et parfois couvert de criste marine (Fig. 28). Même si les informations sontpartielles, cette configuration permet au moins d'estimer la largeur du four (largeur maximale :0,80 m). La longueur visible et incomplète du four est égale à 5,10 m. Une dalle de cloisonnementest encore en élévation côté W tandis que l'angle N est visible (Fig. 29). Certaines dalles de la paroiS sont tombées, à l'intérieur ou à l'extérieur du four.

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Fig. 28 : Angle E du VF 12.

Fig. 29 : Paroi N et dalle de cloisonnement (à gauche) et vue de détail du leucogranite à grain très fin et de la dalle decloisonnement en granite à gros grain (à droite).

VF 13 apparaît en haut de cordon de galets côté NW de Beg ar C'Hale, à environ 150 m du bout dela digue reliant l'îlot à l'île de Sein. Il est colonisé par la végétation de haut de cordon de galets.Orienté NE-SW, il est matérialisé par 2 fragments de parois : un au NW avec une dalle dressée dontseule la partie sommitale est visible et un au SE laissant apparaître 2 dalles plantées (Fig. 30).L'extrémité NE du four a déjà disparu tandis que l'angle SW est couvert par le cordon de galets.L'intérieur du four est rempli de galets et de végétation et laisse apparaître en coupe 3 dallesrubéfiées superposées ayant dû appartenir au four (Fig. 31). Seule une estimation de la largeur dufour est possible (0,60 m). Une dalle rubéfiée et cassée gît à proximité du four auquel elle a sansdoute appartenu (Fig. 32). Ce four a une orientation originale comparée à celle des fours sur lacôte sud de Beg ar C'Hale.

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Fig. 30 : Vue depuis le S. On distingue une partie de la paroi SE du four.

Fig. 31 : Vue de la coupe intérieure du four. Notez les 3 dalles rubéfiées et superposées.

Fig. 32 : Vue de la dalle rubéfiée et cassée gisant à proximité de VF 13.

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VF 14 est localisé à la pointe NE de Kilaourou et a été découvert par F. Poncet le 29-11-15. Il estorienté NW-SE et est fortement disloqué du fait d'une érosion du sol dans lequel il était implanté.Quatre dalles de fond sont visibles en surface, la plupart des autres dalles étant disséminées encontrebas du four (Fig. 33). Aucune mesure n'a pu être réalisée sur cette structure.

Fig. 33 : Vues de VF 14 le 29-11-15

VF 15 est situé sur la bordure NW de Kilaourou à environ 50 m de l'extrémité occidentale de l'îlot.Il prend la forme de deux dalles plantées de chant distantes d'1,2 m (dalles de cloisonnement) etapparaissant au pied du cordon de galets (Fig. 34). Ces deux dalles de leucogranite présentent destraces de rubéfaction. La plus à l'W mesure 0,58 m de long pour une épaisseur maximale visible de0,24 m. Elle est éclatée sur un des bords. L'orientation proposée, en considérant que ces dallesconstituent des dalles de cloisonnement, est E-W.

Fig. 34 : Vues générales de VF 15.

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VF 16 est localisé sur la périphérie N de Beg ar C'Hale (n°33) en pied de cordon de galets. Il estreprésenté par une unique dalle de leucogranite à grain fin, plantée de chant et rubéfiée(dimensions en m : 0,47x?x0,18). La dalle est orientée E-W. En contrebas, on note plusieurs dallesidentiques remaniées dans le cordon de galets (Fig. 35).

Fig. 35 : Vues de VF 16 matérialisé par une unique pierre plantée accompagnée par plusieurs dalles remaniées dans lecordon de galets.

VF 18 est situé entre le phare de Goulénez (n°4) et Hent an Dilogod (n°68) en face de la caled'accès à la grève. Cette zone de travaux est particulièrement remaniée. De récentsaménagements ont découverts plusieurs dalles rubéfiées ayant très probablement servi àl'élaboration d'un four à goémon (Fig. 36).

Fig. 36 : Vues des dalles rubéfiées disloquées de VF 18.

VF 19 est localisé sur le chemin menant à la cabane de Beg al Lann (n°9) en y accédant par le N. Onnote la présence de deux dalles rougies plantées de chant et affleurant dans le sentier ainsi que denombreuses dalles rubéfiées réutilisées dans le muret E (Fig. 37). Aucune mesure ou orientationn'a pu être relevée à partir de ces seuls éléments.

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Fig. 37 : Vues de VF 19 depuis le S.

VF 20 est situé sur la bordure N de la pointe de Plas ar Skoul (n°7) et est matérialisé par une dallede granite rubéfiée, posée à plat en haut de cordon, une dalle rougie par l'action du feu et plantéede chant et plusieurs dalles rubéfiées et remaniées disposées au pied du cordon de galets (Fig. 38).

Fig. 38 : Vue de VF 20 depuis l'W.

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- Bilan des caractéristiques des fours à goémon de l'île de Sein :

Fig. 39 : Synthèse des informations relatives au vestiges de four de l'île de Sein (source des données : L. Dutouquet)

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IV- Premier bilan et perspectives de recherche

IV.1- Premier bilan

L'activité goémonière traditionnelle exercée jusque dans les années 1950 en Iroise et dans le Léona laissé de nombreux vestiges sur le littoral et les îles finistériennes. L'île de Sein n'est pas en restecomme en témoignent les 28 fours inventoriés (2 fours restaurés et 26 vestiges de four) depuisoctobre 2015 dans le cadre d'un suivi bimensuel. Plusieurs secteurs géographiques semblent avoirété privilégiés pour l'exploitation du goémon (Plas ar Skoul, Beg al Lann, Beg ar C'Hale, Kilaourou).

A n'en pas douter, un nombre indéterminé de fours a déjà disparu. En effet, les nombreuses dallesrubéfiées et remaniées au sein des cordons de galets ou dans les innombrables murets de pierresèche attestent de la présence de fours détruits accidentellement (érosion marine ou biologique)ou volontairement (récupération des pierres). Ainsi, cet inventaire ne sera jamais exhaustif...

Néanmoins, l'analyse préliminaire effectuée sur ces fours reflète :

– qu'ils montrent des orientations diverses, mais sont généralement disposéslongitudinalement à la côte. Deux fours seulement ont été découverts en coupetransversale (VF 13 et VF 16). Sur 28 fours recensés, 40% des fours sont orientés W-E, 21%sont NW-SE, 7% d'entre eux sont orientés N-S, 7% NE-SW et 25% ne peuvent pas êtreorientés, leur état de conservation ne le permettant pas.

– que dans 68% des cas, le granite utilisé pour la construction des fours est un leucogranite àgrain fin. En général, les roches à grain fin sont privilégiées pour la construction du four. Eneffet, elles résistent mieux à la chaleur que les roches à gros cristaux qui tendent à s'effriterrapidement (Arzel, 1987, p. 207). 21 % des fours sont élaborés à partir d'un granite à grosgrain de quartz contenant des aiguilles de biotite et des paillettes de muscovite. Enfin, 11%d'entre eux sont confectionnés avec les deux types de roche.

– qu'en termes de localisation géographique, 50% des vestiges de four encore existants sontsitués sur le secteur Beg al Lann (n°9) – Plas ar Skoul (n°7) tandis que Beg ar C'Hale enabrite 35% et Kilaourou, 8 %. Les 7% restants sont localisés en différents points de l'île. Lalocalisation des fours sur les pointes de Plas ar Skoul et de Beg al Lann n'est passurprenante. En effet, ces secteurs, fortement exposés aux houles et au vent, sont deszones de dépôt de laminaires arrachées par la mer lors des tempêtes. Ainsi, on peutobserver de véritables murs d'algues adossés au cordon de galets. Ils forment un bonrempart contre l'érosion et protègent les cordons de galets des assauts des vagues (Fig. 40).Ces amas fournissaient également aux goémoniers, une matière première abondante etfacilement exploitable.

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Fig. 40 : Amas d'algues déposées suite aux tempêtes : anse d'Ar Bilio Vras (n°8, à gauche), anse An aber (n°14, àdroite).

– qu'ils sont dans un état de conservation globalement mauvais souvent lié à une fortevulnérabilité face à l'érosion marine et aux mouvements de galets. Ainsi, peud'informations ont pu être récolté quant à leur dimension, leur état de conservation ne lepermettant pas.

– que d'un point de vue « vulnérabilité », la majorité d'entre eux (69%) ont été identifiéscomme fortement vulnérables, alors que 15% sont moyennement vulnérables et que 12%sont faiblement vulnérables face à l'érosion. Pour affiner l'évaluation de la vulnérabilité desfours, Il pourrait être intéressant d'appliquer, lors des suivis à venir, la grille mise en placedans le cadre du programme ALeRT.

– que l'état de conservation des fours est majoritairement mauvais (69% : à mettre en lienavec la forte vulnérabilité des structures), moyen (15%), relativement bon (12%), inconnucar enseveli sous la végétation (15%) ou nul (four totalement ruiné, 4%).

IV.2- Perspectives de recherche :

Il est proposé de poursuivre le suivi bimensuel sur l'île de Sein et notamment le suiviphotographique sur point fixe qui permet de visualiser les fluctuations du trait de côte et lavulnérabilité des vestiges.

Une mission de terrain est en cours de programmation avec l'UMR 6566 du CNRS, elle permettrade relever, au DGPS, l'ensemble des structures goémonières et de procéder au relevétopographique de quelques cordons de galets (Beg al Lann, Plas ar Skoul) abritant ces vestiges.

Parallèlement, des relevés photogrammétriques de certains fours seront effectués régulièrementet permettront de suivre l'évolution des fours. La photogrammétrie offre, par ailleurs, un supportde communication particulièrement adapté au grand public. Au delà de leur intérêt scientifique,les modèles numériques de terrain pourront être utilisés dans le cadre d'une éventuelle campagnede sensibilisation du grand public au patrimoine goémonier.

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Pour compléter notre connaissance des structures de combustion goémonières et notamment leurmode de construction et les matériaux utilisés pour leur conception, des relevés en coupe et enplan seront réalisés sur les éventuels éléments architecturaux particuliers qui seraient révélés lorsdes tempêtes (argile cuite, tapissage de galets...).

Enfin, cet inventaire préliminaire des vestiges goémoniers couplé à l'évaluation de sa vulnérabilitéface à l'érosion marine devraient permettre de définir, en concertation avec l'ensemble des acteursconcernés (mairie, DRASSM, universitaires, parc naturel régional d'Armorique,...), des priorités enterme de conservation, de restauration, et/ou de valorisation de ce patrimoine.

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Bibliographie :

ARZEL P. (1987) – Les Goémoniers, Le Chasse-Marée Éditions de l'estran, 305 p.

FOUQUET J. (2003) – Île de Sein, Promenades et découvertes, 40 p.

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