République Démocratique du Congo Justice –Paix – Travail · 2009-09-05 · Le système...
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République Démocratique du Congo
Justice –Paix – Travail
PPllaann ddeess PPeeuupplleess AAuuttoocchhttoonneess
Rapport Final
(Février 2007)
Préparé par Dr. Kai Schmidt-Soltau Email: [email protected] Webpage: www.Schmidt-Soltau.de
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ICCN Plan des peuples autochtones du Projet GEF-BM
Rapport Final Février 2007 2
SOMMAIRE Résumé exécutif – Synthèse des Conclusions ...................................................................5
Executive Summary................................................................................................................8
1. Introduction....................................................................................................................11
2. Description du Projet GEF-BM .....................................................................................13
3. Informations de base sur les populations autochtones ............................................16
3.1. Economie et Environnement.......................................................................................18 3.2. Le système traditionnel de tenure foncière.................................................................19 3.3. Les impacts des projets de conservation....................................................................22 3.4. Les interactions avec les groupes ethniques voisins..................................................24 3.5. Organisation sociale ...................................................................................................26 3.6. Examen du cadre légal ...............................................................................................27
4. Consultation..................................................................................................................28
5. Evaluation des impacts et propositions des mesures d’atténuation spécifiques aux populations autochtones.......................................................................................29
6. Analyse des capacités .................................................................................................34
7. Responsabilités de la mise en œuvre..........................................................................40
8. Suivi et évaluation .........................................................................................................40
Annexe 1 : Politique opérationnelle «peuples autochtones» (PO 4.10) de la Banque Mondiale .......................................................................................41
Annexe 2 : Bibliographie..............................................................................................47
Annexe 3 : Liste des personnes rencontrées.............................................................51
Annexe 4 : Projet de Termes de Référence relatifs à la mise en œuvre du PPA du Projet GEF-BM ......................................................................................53
Annexe 5 : Les ateliers de validation à Kinshasa et Beni ........................................ 59
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Rapport Final Février 2007 3
Abréviations AAPDMAC Action d’Appui pour la Protection des Droits de Minorités en Afrique Centrale ACOPA Action Communautaire de lutte Contre la Pauvreté ACORDI Action Communautaire pour le Développement Rural Intégré ADELIPO Action de Développement pour la Promotion des Droits humains et Gestion des Intérêts des Pygmées
Originaires AFD Agence Française de Développement AGIR Agro-Industrie Rurale AIMPO African Indigenous Minorities People Organisation ANPANMNP/PFNB Association Nationale du Premier Peuple Autochtone Natif et Minorité Nationale Pygmées en RDC – Plate-
forme nationale des Batwa AP Aires protégées APF African Parks Foundation ARAP Action pour le Regroupement et l’auto promotion des Pygmées Ass PA Associations des peuples autochtones AWS African Wildlife Society BM Banque Mondiale CADAK Coordination des Activités de Développement Autour de Kyavirimu CADDE Centre d’Action pour le Développement Durable et l’Environnement CAF Collectif des femmes de Beni CAMV Centre d’Accompagnement des Autochtones Pygmées et Minoritaires Vulnérables CBD/ CDB Convention sur la Diversité Biologique CEFDHAC Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale CENDEPYC Centre d’Encadrement et de développement des Pygmées au Congo CI Conservation International CIDB Centre international de défense des Droit des Batwa CNCJA Conseil National de Concertation des Jeunes Autochtones. CoCoCongo Coalition pour la Conservation au Congo CoCoSi Comité de Coordination du Site com. pers. communication personnelle COPEVI Coopératives des Pêcheurs de Vitshumbi CPAKI Collectif pour le Peuple Autochtone du Kivu CPoR Cadre de Politique de Réinstallation CPrR Cadre procédural de Réinstallation CR Cellule de réinstallation Réseau CREF Réseau pour la Conservation et la Réhabilitation des Ecosystèmes Forestiers du Nord – Kivu CRU Central Resettlement Unit of the ICCN CT Cellule technique de recasement DAC Development Assistance Committee DCE Délégation de la Commission Européenne DFGF-E Dian Fossey Gorilla Fund Europe DFGF-I Dian Fossey Gorilla Fund International DRC Democratic Republic of Congo DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ECO ACTION Eco Action ECODEC Ecologie et développement au Congo ECOFAC Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Forestiers en Afrique Centrale (Programme UE) EIE Etude d’Impact sur l’Environnement EIS Etude d’Impact Social FAO Food and Agricultural Organisation FPP Forest People Project FYDHO Fondation Yira pour la défense des Droit de l’Homme FZG Société Zoologique de Francfort GEF Global Environmental Facility (Fonds Mondial pour l’Environnement) GTZ Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit und Entwicklung ICCN Institut Congolais pour la Conservation de la Nature ILO International Labour Organisation INICA Initiative for Central Africa INS Institut Nationale de Statistique IP Indigenous Peoples IPP Indigenous Peoples Plan KfW Kreditanstalt für WIederaufbau LINAPYCO Ligue nationale des associations autochtones pygmées du Congo LRU Local Resettlement Units LZS Société Zoologique de Londres MAB Man and Biosphere (UNESCO) MECACAP Ministère Evangélique de Chaque Arbre pour Christ Auprès des Pygmées MECNEF Ministère de l’Environnement, de la Conservation de la Nature, Eaux et Foret (RDC) MEFEPCN Ministère de l’Économie Forestière, de la Pêche, et de l’Environnement, chargé de la Protection de la
Nature (Gabon) MENAPYC Médecine Naturelle des Pygmées au Congo MINEF Ministère de l’Environnement et des Forêts (Cameroun) MST/SIDA Maladie Sexuellement Transmissible/ NP National Park
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OECD Organisation for Economic Co-operation and Development OIT Organisation internationale du Travail ONG Organisations Non Gouvernementale OP Operational Policy OSFAC Observatoire Satellitaire des Forêts d’Afrique Central PA Peuples Autochtones P.A. Protected Area PAD Project Appraisal Document PAM Programme Alimentaire Mondial PAP-RDC Programme d’Appui aux Pygmées en RDC PAP Persons Affecte par le Project PAR Plan d'Action de Réinstallation PED Personnes Economiquement Déplacées PEVi Programme Environnemental Autour des Virunga PFNL Produits Forestiers Non Ligneux PGS Plan de Gestion Sociale PIDP Programme d’Intégration et de Développement des Pygmées PIM Participatory Impact Monitoring PMEF Petites et Moyennes Exploitations Forestières PN Parc National PNG Parc National de Garamba PNKB Parc National de Kahuzi Biega PNVi Parc National des Virunga PNUD Programme des Nations unies pour le Développement PNVi Parc National des Virunga PO Politique operational de la Banque Mondial PPA Plan des Peuples Autochtones PPD Personnes Physiquement Déplacées PREPYG Le Programme de Réhabilitation et Protection des Pygmées ; PSFE Projet Sectoriel Forêts et Environnement PSR Plan Succinct de Réinstallation RAPY Réseau des Associations Autochtones Pygmées RDC République Démocratique du Congo REPALEAC Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers
d’Afrique central. RMIP/AT Relance de la Mission d’Installation de Paysanat pour l’Amenagement de la Terre RP Resettlement Plan RPrF Resettlement Process Framework RPoF Resettlement Policy Framework SEIPI Santé, Education et intégration des Populations Inaccessibles SIGEF Système d’Information et de Gestion des Eaux et Forêts SIPA Solidarité pour les Initiatives des Peuples Autochtones SOCIDEC Solidarité pour le Civisme et le développement au Congo SoDéRu SoDéRu SPAR Syndicat des Paysans UDME Union pour le Développement des Minorités Ekonda UE Union Européenne UEFA Union pour l’Emancipation de la Femme Autochtone UICN Union Mondiale pour la Nature UICN-TILCEPA Union Mondiale pour la Nature - Theme on Indigenous and Local Communities, Equity and Protected Areas UNEP United Nations Environment Programme UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization UN-OCHA United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs VONA La Voix de la Nature WB World Bank WCS Wildlife Conservation Society WFP World Food Programme WPC World Park Congress WWF Fonds Mondial pour la Nature WWF/CARPO Fonds Mondial pour la Nature / Central Africa Programme Office
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RRééssuumméé eexxééccuuttiiff –– SSyynntthhèèssee ddeess CCoonncclluussiioonnss Dans la perspective d'une restructuration, la République Démocratique du Congo (RDC) a entrepris un vaste chantier de réformes structurelles destinées à l'amélioration de la gestion de ses ressources naturelles. La Nouvelle Vision pour la Conservation des Aires Protégées dans la RDC vise une «gestion efficace et coordonnée d’un réseau d’aires protégées afin d'assurer que la conservation de la nature sera une composante intégrale du Programme National de Forêt et de Conservation de la Nature et du Programme National de Lutte contre la Pauvreté». Pour la mise en oeuvre de sa nouvelle vision, le Gouvernement de la RDC a demandé, à travers de la Banque Mondiale (BM), une aide financière auprès du Fond pour l’Environnement Mondial (GEF). Le Projet GEF-BM est composé de trois composantes:
Composante 1: Appui à la réhabilitation institutionnelle de l'ICCN (niveau national) Composante 2: Appui aux parcs nationaux Virunga et Garamba (niveau des sites) Composante 3: Expansion du réseau des aires protégées (niveau national)
Le Projet GEF-BM est susceptible d'avoir des conséquences sur les populations rurales à travers l’identification des nouvelles aires protégées avec une superficie de 10 millions hectares, la mise en place des aires protégées avec une superficie de 2 millions hectares et l'amélioration de l’aménagement des parcs nationaux Virunga et Garamba avec une superficie totale de 1,3 millions hectares. Les effets généraux ont été analysés dans l'étude sur l'impact social (EIS), mais la meilleure pratique - la Politique Opérationnelle de la Banque Mondiale sur les Peuples Autochtones (PO 4.10) - exige une action particulière lorsque les investissements de la Banque Mondiale impliquent des peuples autochtones, qui sont représentés, en RDC, par les populations Twa, Mbuti, Cwa et Aka. Dans la zone tampon du Parc National de Virunga, il y a environ 12.000 individus appartenant aux groupes Twa et Mbuti et dans les autres zones rurales destinées à l’identification des nouvelles aires protégées encore environ 100.000 -200.000 individus appartenant à ces peuples autochtones.
Compte tenu de l’existence des impacts du Projet GEF-BM sur les populations autochtones, la préparation d'un Plan des Peuples Autochtones (PPA) est une condition fixée par la PO 4.10. L’objectif principal de ce PPA, consiste à assurer que le Projet GEF-BM respectera pleinement la dignité, les droits de la personne, l’économie et la culture des populations autochtones et à assurer en même temps que les peuples autochtones en retirent des avantages adaptés au niveau socio-économique et culturel. Ce rapport démontre la manière dont ces objectifs peuvent être atteints et il prévoit des mesures destinées: a) à éviter les incidences susceptibles d'être préjudiciables aux populations autochtones concernées; ou b) au cas où cela ne serait pas possible, à atténuer, minimiser ou encore à compenser de telles incidences. La Banque Mondiale n’accepte le financement d'un projet que lorsque ce projet obtienne un large soutien de la part des populations autochtones à l’issue d’un processus préalable de consultation libre et informée.
Ce rapport a pour objet de présenter le résultat d’une étude à court terme menée dans le cadre d'une approche participative et en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes (populations autochtones, autres populations rurales, ONG, agences gouvernementales, bailleurs etc.). Le rapport lui-même ainsi que des recommandations ont été discutées et approuvés au cours des ateliers de validation (Kinshasa 10/1/2007 et Beni 13/1/2007) avec la participation de toutes les parties prenantes.
D'un point de vue légal, tous les peuples autochtones sont à considérer comme des citoyens égaux par rapport à toutes les autres composantes de la population Congolaise. Or, il se trouve que, par rapport aux autres Congolais, les peuples autochtones n’ont pas la même influence politique, ni le même statut légal, organisationnel, technique ou économique. Si des mesures particulières et adaptées ne sont pas prises, des interventions dans la forêt, telles que la conservation de la biodiversité, obligent les populations chasseurs-cueilleurs d’abandonner les zones forestières dans lesquelles elles vivent de la chasse et de la cueillette sans que leurs droits d'utilisation soient pris en compte ou qu'elles soient compensées de quelque manière que ce soit. L’impact sera donc l'accélération du processus de la marginalisation, de la sédentarisation et de l’appauvrissement des populations Twa, Mbuti, Cwa et Aka.
La dépendance accrue vis-à-vis de l’agriculture, de la vie sédentaire pendant une bonne période de l’année, et le désir d’accéder aux services sociaux, ont-ils pu transformer les communautés des peuples autochtones en citoyens à part entière de la RDC tout comme tous les autres Congolais? Certainement pas. Pas un seul parmi les populations Twa, Mbuti, Cwa ou Aka n'est employé comme fonctionnaire public et seulement trois de tous les villages en RDC avait été représentés par un chef autochtone. Même dans celles des localités où les peuples autochtones forment entre 50 à 70% de la population entière, presque aucun de ses chefs n’était issu lui-même de ces populations. Des estimations brutes
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sur leurs revenus en espèces indiquent que les ménages de ces populations ne disposent qu'un dixième par rapport au revenu moyen dans les zones rurales du pays (USD 0,02 par jour et par personne); et elles ne disposent pas non plus des moyens et influences nécessaires pour s’acquérir des titres fonciers à l'intérieur de leurs différentes zones d’usage et de ce qui reste de leur ancien pays natal par rapport aux intérêts provenant de l'extérieur.
Le Projet GEF-BM propose des mécanismes d'amélioration des conditions de vie dans les zones d’intervention du Projet à travers une gestion durable des aires protégées. Mais en considérant l'état actuel des choses, il semble très peu probable que les peuples autochtones soient encouragés à y participer quand on sait que leurs campements/villages ne sont pas reconnus comme «localité» à part entière et qu'ils ne peuvent, de ce fait, interagir avec les services du gouvernement qui, lui, ne travaille pas avec des individus ou villages, mais avec des «localités». Les peuples autochtones, pendant qu'ils dépendent principalement de la forêt, n'y ont pas d'accès légal. Il paraît alors bien claire que, sans mesures particulières et adaptées à leur égard, ils ne pourront pas être parmi les bénéficiaires du Projet GEF-BM. Or, l’ICCN devra assurer qu'à cause de la réhabilitation et expansion du réseau des aires protégées dans le contexte du Projet GEF-BM, ces populations ne:
• perdent le contrôle des terres et des zones d’usage qu’elles utilisent traditionnellement comme source de subsistance et qui représentent en même temps le fondement de leur système culturel et social,
• soient marginalisés encore davantage au sein de la société congolaise, • se désintègrent davantage à l’intérieur du système décentralisé d’administration, • bénéficient moins d’assistance des services gouvernementaux à la suite de la réhabilitation des routes, • soient encore moins capables de défendre leurs droits légaux, • deviennent ou demeurent dépendants envers les autres groupes ethniques, • perdent leur identité culturelle et sociale.
Afin d'atténuer ces risques, 9 activités ont été conçues par l’ICCN dans le contexte du Projet GEF-BM. C'est la conviction mutuelle que seulement l'entière mise en oeuvre du PPA ainsi que de toutes ses composantes, pourrait garantir le respect des exigences de la PO 4.10 et assurer que le Projet GEF-BM respecte pleinement la dignité, les droits de la personne, l’économie et la culture des populations autochtones et leur offre des opportunités équivalentes aux bénéfices obtenus par le Projet GEF-BM. Le Projet GEF-BM a entrepris de:
Etablir des opportunités légales égales • Mettre en place les capacités nécessaires à la mise en oeuvre d’un PPA suivant la PO 4.10; • Reconnaître et protéger les campements et les zones d’usage des peuples autochtones à l'intérieur
des aires protégées existantes et proposées ainsi que de leurs zones tampons;
Etablir des opportunités techniques égales • Donner aux peuples autochtones les capacités techniques leur permettant de participer activement
à la gestion et au processus d'identification des nouvelles aires protégées; • Développer les capacités techniques du personnel de l'ICCN ainsi que de ses partenaires en vue
d’une meilleure coopération avec les peuples autochtones; • Sensibiliser les populations Twa, Mbuti, Cwa et Aka sur les risques du processus de développement;
Etablir des opportunités financières égales • Assurer que les villages habités par les peuples autochtones reçoivent leur tranche des revenus
générés par les aires protégées; • Offrir des programmes spéciaux destinés aux populations Twa, Mbuti, Cwa et Aka pour les faire
bénéficier de l'ouverture des postes et d'emplois dans le cadre de la mise en oeuvre du Projet GEF-BM (garde de parc, pisteur, etc.);
Etablir des opportunités organisationnelles égales • Faciliter la représentation des peuples autochtones dans les instances de prise de décision
concernant la conservation de la nature, la gestion des aires protégées y compris ses zones tampons et l’identification des espaces destinés aux nouvelles aires protégées;
• Etablir un système de suivi et d’évaluation participative pour le PPA et le Projet GEF-BM.
Les acteurs principaux du PPA constituent l’ICCN et ses partenaires de la conservation, les ONG nationales et internationales travaillant de concert avec les populations autochtones en RDC, les associations des peuples autochtones ainsi que les populations Twa, Mbuti, Cwa et Aka eux-mêmes. L'analyse des capacités a prouvé que: a) L'ICCN ne dispose que de très peu de capacités dans le secteur social et que, dans sa constitution actuelle, elle ne pourra pas réussir dans l'acquisition des
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compétences nécessaires à la mise en œuvre du PPA dans le délai prévu; b) que les institutions de l'Etat en charge des populations marginalisées s'avèrent beaucoup trop faibles et, sans investissements techniques et financiers, incapables d'implanter le PPA; c) que quelques-unes parmi les associations des peuples autochtones et les ONG travaillant de concert avec les populations autochtones disposent de certaines connaissances pour la mise en œuvre du PPA à condition d'être soutenues et supervisées. C'est en tenant compte de cette situation qu'il a été décidé que la mise en œuvre du PPA devra se faire par un réseau des associations des peuples autochtones et des ONG oeuvrant en collaboration avec elles sous la supervision d'une mission internationale de contrôle soutenant et accompagnant la mise en œuvre du PPA.
Globalement, on peut estimer que les 9 activités du PPA seraient suffisantes pour assurer l'exécution du Projet GEF-BM en accord avec la PO 4.10, et que le Projet: • renforcera les systèmes traditionnels de gouvernance et promouvra le respect du dialogue
communautaire et des droits coutumiers de tous les citoyens en RDC; • réduira la pauvreté de toutes les populations et encouragera un développement durable; • déclenchera des impacts positifs sur la population entière, plus particulièrement sur les peuples les
plus pauvres, marginalisés et vulnérables, c'est-à-dire les peuples autochtones; • respectera pleinement la dignité, les droits de la personne, l’économie et la culture des peuples autochtones; • s’assurera que, à l'intérieur de la zone d’intervention, les peuples autochtones reçoivent les bénéfices
culturellement adaptés et aussi équivalent à ceux que reçoivent tous les autres groupes; • assistera les peuples autochtones à améliorer leur situation de vie.
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EExxeeccuuttiivvee SSuummmmaarryy In an attempt to enhance the contribution of biodiversity conservation to pro-poor and sustainable growth, the Government of the Democratic Republic of Congo (DRC) has put in place a comprehensive reform agenda in the area of natural resource management. The New Vision for the conservation of protected areas in the DRC foresees “an effective and well coordinated management of a network of protected areas to make sure that biodiversity conservation is an integral part of the National Forest and Biodiversity Programme and the national Poverty Reduction Strategy”. For the implementation of this new vision the Government of the DRC has requested - through the World Bank (WB) - financial assistance from the Global Environmental Facility (GEF). The GEF-WB Project consists of three components:
Component 1: Support to ICCN institutional rehabilitation (national level); Component 2: Support to selected key national parks (site level); Component 3: Expansion of the protected areas network (national level).
It is expected that the GEF-WB Project impacts on the rural populations through its support to the identification of new protected areas with a surface area of 10 Million ha, the establishment of new protected areas with a surface area of 2 Million ha and the enhanced management of two national parks (Virunga and Garmamba) with a total surface area of 1.3 Million ha. The general impacts are analyzed in the Social Impact Assessment of the Project GEF-BM, but best practice - the World Bank’s Operational Policy on Indigenous Peoples (OP 4.10) - requires that the borrower engages in a process of free, prior, and informed consultations if a project affects indigenous peoples. In the DRC, these are the Twa, Mbuti, Cwa and Aka. Around 12,000 Twa and Mbuti live in the buffer zones of the Virunga National Park and around 100,000 – 200,000 indigenous peoples are depending on those areas, which might be identified to become new protected areas.
For all projects, which affect indigenous peoples, the elaboration of an Indigenous Peoples Plan (IPP) is requested by the OP 4.10. Its objective is to make sure, that the GEF-WB Project respects the dignity, human rights, economies, and cultures of the indigenous populations in the DRC and provides them equal and culturally appropriate benefits, which should be defined in free, prior and informed consultations. The IPP elaborates strategies on how this can be achieved and establishes detailed measures how to (a) avoid potentially adverse effects on the Indigenous Peoples' communities; or (b) when avoidance is not feasible, minimize, mitigate, or compensate for such effects. The Bank provides project financing only where free, prior, and informed consultation resulted in broad community support to the project by the affected indigenous peoples.
The reports presents the findings of a short term consultancy carried out in a participatory manner and in close cooperation with all stakeholders (indigenous peoples, other populations, NGOs, governmental services, donors etc.).The report has been discussed on two workshops (Kinshasa 10/1/2007 & Beni 13/1/2007) and consequently adopted by all stakeholders.
From the legal point of view are the indigenous peoples of the DRC citizens like all other Congolese, but they don’t have the same political influence and/or the legal, organizational and technical capacities to defend their rights, interests and culture as others. As the laws of the DRC do not recognize the user rights of indigenous peoples in protected areas, the expansion of the protected area network and the enforcement of conservation laws in the Virunga National Park and its buffer zones – both financed under the GEF-WB project – would force the mobile hunter-gatherers to leave their “impenetrable” forests, if no specific and innovative mitigation measures put in place. Despite the fact that everybody knows that indigenous peoples depend much more than others on forests resources (hunting, gathering and fishing generate 90% of their livelihoods) this would happen without taking their rights into considerations and/or providing any compensation. This would consequently lead to an increasing marginalization, sedentarisation and impoverishment of the Twa, Mbuti, Cwa and Aka.
Would such an increased dependence on agriculture and more permanent lifestyle, the access to social services etc. transform the indigenous people into citizens like all other Congolese? Decidedly not! Not a single Twa, Mbuti, Cwa or Aka works as civil servant and in the entire DRC only three villages have an indigenous chief. Even in those areas where the indigenous peoples constitute between 50 and 70% of the population hardly any chief is Twa, Mbuti, Cwa or Aka. Rough estimates suggest that their cash income is ten times lower than of any other social group (< US$ 0.02 per day and per capita). They don’t even have the means to obtain legal titles for their land use zones and to defend their traditional land.
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The Project GEF-WB proposes mechanisms to improve the living conditions of local communities through the sustainable management of protected areas, but at the present state it is most likely, that the indigenous peoples’ communities will not be able, or enabled, to participate in the collaborative management or the benefit sharing schemes, because their settlements are not recognized as ‘localité’, which is the lowest administrative unit in the DRC, and therefore they cannot interact legally with government services, which only interact with recognised structures.
While they are the most dependent on the forest for their subsistence and incomes, they have no legal access to it. Without special measures, the indigenous peoples will not be able to benefit from the GEF-WB Project, which is in principle and by intention open to everyone. There are several major risks resulting from the GEF-WB Project, which have to be mitigated to insure that the Twa, Mbuti, Cwa and Aka do not
• lose control over the forests traditionally utilized by them as source of livelihood and basis for their cultural and social system,
• become even more marginalized in the society, • disintegrate for the decentralized system of administration, • receive less assistance from governmental services, • have fewer capacities to defend their legal rights, • become or remain as dependents of other ethnic groups, • lose their cultural and social identity.
The ICCN foresees 9 activities to address these risks of the GEF-WB Project. It is a mutual understanding that only the full and timely implementation of the IPP and all its components fulfils the requirements of the OP 4.10 and guarantees that Project respects the dignity, human rights, economies, and cultures of the indigenous peoples and offers them equal opportunities to participate in the benefits of the project. To achieve this, the GEF-WB Project will undertake the following activities:
Establish equal legal opportunities • Put in place the capacity and structures needed to implement the IPP in line with the OP 4.10; • Identify, recognize and protect the settlements and land use areas of indigenous peoples in protected
areas and their buffer zones;
Establish equal technical opportunities • Provide the indigenous peoples with the capacities to participate actively in the management of
protected areas and the identification and demarcation of new protected areas; • Enhance the capacities of ICCN staff and its partners in intercultural communication so that they
can actively cooperate with the indigenous peoples; • Sensitize the Twa, Mbuti, Cwa and Aka on the risks of the development process;
Establish equal financial opportunities • Make sure that indigenous peoples’ communities receive a fair share of the redistribution of
revenues generated by the protected areas; • Offer special conditions for Twa, Mbuti, Cwa and Aka to have equal access to jobs resolving from
the GEF-WB Project;
Establish equal organizational opportunities • Facilitate the participation of the indigenous peoples in all decision making processes related to
biodiversity conservation, protected area management and the identification of new protected areas; • Establish a participatory monitoring and evaluation system for the IPP and the GEF-WB Project.
The main actors of the IPP are the ICCN, its conservation partners, national and international NGOs working with indigenous populations in the DRC, the associations of the indigenous peoples and the Twa, Mbuti, Cwa and Aka themselves. The capacity analysis documented that a) ICCN and its conservation partners have very limited capacities in the social sector and are under the present setting not able to acquire the skills necessary to implement the IPP within the limited timeframe available for this project; b) that the governmental bodies in charge of marginalized populations are extremely weak and not able to implement the IPP without significant financial and technical inputs; c) that some of the associations of the indigenous peoples and NGOs working with indigenous peoples have some knowledge and are - with some backstopping and supervision - able to implement the IPP. Due to that, most activities of the IPP will be implemented by a consortium of indigenous peoples’ associations and NGOs working with indigenous peoples under the supervision of an international control mission, which will supervise and backstop the IPP implementation.
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Rapport Final Février 2007 10
It is assumed that the 9 activities of the IPP are able to guarantee that the GEF-WB Project is implemented in accordance with the OP 4.10 and that the Project: • strengthens traditional systems of governance and natural resource management and embraces
the notion of community dialogue and traditional rights for all ethnic groups of the DRC; • reduces poverty for all ethnic groups and lowers the degradation of natural resources and
promotes sustainable development; • installs an effective management system of protected area and national park management, which
offers positive impacts to the biodiversity, to the rural population in general and the poorest, most marginalised and vulnerable populations – i.e. the indigenous peoples – in particular;
• respects the dignity, human rights, economies, and cultures of the Twa, Mbuti, Cwa and Aka; • assures that the indigenous populations benefit equally and in an cultural appropriate manner from
the GEF-WB Project; and • assists the Twa, Mbuti, Cwa and Aka to increase their living conditions.
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Rapport Final Février 2007 11
11.. IInnttrroodduuccttiioonn La République Démocratique du Congo (RDC) est, quant à sa diversité biologique, l‘un des plus importants pays du monde entier. La valeur de cette richesse biologique est d’une extrême importance pour le pays lui-même, la région et pour le monde entier, et elle est, de ce fait, capable de jouer un rôle-clé dans la lutte contre la pauvreté. Le management des aires protégées constitue un des éléments essentiels à l'intérieur de la stratégie sectorielle forestière. 64 aires protégées (dont sept parcs nationaux) couvrent actuellement 18 millions d’hectares soit 7,7% du territoire national (carte 1). Mais tout le monde sait aussi que la majorité, si non toutes les aires protégées de la RDC n’existent plus que sur papier. En dehors de la nécessité de réhabiliter ces aires protégées menacées de disparition, il serait également prévu, au cours des prochaines dix années, de doubler la surface sous protection (15% selon le Code forestier), ce qui veut dire que le gouvernement de la RDC sera obligé de ré identifier, de ré négocier et de ré démarquer ainsi que de mettre sous management un total de 36 millions d’hectares que couvrent les aires protégées. Ceci constitue un défi majeur.
Durant l’époque coloniale, les parcs nationaux furent créés surtout pour la recherche et la conservation, tandis que les réserves de chasse servaient de terrains de loisir à une élite de chasseurs. Et c'est depuis l’indépendance que le développement du tourisme a été beaucoup plus privilégié comme source de revenues. Mais les populations n'étaient à aucun moment impliquées dans l'identification, la création ou dans le management des aires protégées et les lois y relatives et elles n'étaient pas non plus invitées à participer au partage des bénéfices. En même temps, un grand nombre de personnes a été déplacé de l'espace des parcs nationaux et a vu se réduire, de manière considérable, son accès aux ressources traditionnelles de subsistance. En échange, l'attitude de la population rurale affectée par les parcs nationaux et les autres aires protégées devenait de plus en plus hostile par rapport à elles, aux parcs nationaux et au programme de conservation de la biodiversité, et elle commençait à témoigner d’une résistance, souvent de manière violente, contre chaque élargissement ou renforcement de la loi y relative (Gapira 1979 ; Nzabandora 1984). A cause des manquements de la part de l'état depuis 1993, beaucoup d'entre eux sont rentrés dans leurs vieux campements à l'intérieur des parcs nationaux.
Depuis 2002, la RDC a entamé un vaste chantier de réformes structurelles en faveur de l'amélioration de la gestion de ses ressources naturelles. Dans son calendrier de réformes, le gouvernement propose l'adoption d'une approche de conservation en faveur des plus défavorisés. La Nouvelle Vision pour la Conservation des Aires Protégées dans la RDC (2003: 1-2) destinée à installer une «gestion efficace et coordonnée d’un réseau d’aires protégées en faveur d'une conservation durable de la diversité unique et des ressources naturelles ainsi que des écosystèmes en RDC afin d'assurer que la conservation de la nature soit une composante intégrale du Programme National de Forêt et de Conservation de la Nature et du Programme National de Lutte contre la Pauvreté.». Pour la mise en oeuvre de sa nouvelle vision, le Gouvernement de la RDC a demandé, à travers la Banque Mondiale (BM), une aide financière auprès du Fond pour l’Environnement Mondial (GEF). Le Projet GEF-BM a l'intention d'améliorer l'aménagement des parcs nationaux Virunga et Garamba avec une superficie totale de 1.3 millions d’hectares, d'identifier des nouvelles aires protégées avec une superficie de 10 millions d’hectares et de mettre en place des aires protégées nouvelles avec une superficie de 2 millions d’hectares. Le projet est alors susceptible d'avoir des effets sur tous les habitants de la forêt.
Beaucoup de régions et celles situées en zone forestière plus particulièrement encore sont habitées par des peuples autochtones, c'est-à-dire des «pygmées», mais à cause de la diversité des contextes de leur vie variant d'un cas à l'autre, il n’existe aucune définition appropriée et intégrant entièrement toute cette diversité. Pour des besoins opérationnels et de concert avec d'autres organisations internationales comme par exemple le UN Working Group on Indigenous Populations, le UN Permanent Forum on Indigenous Issues et l’International Labour Organisation (ILO), la Banque Mondiale suggère l'emploi du terme peuples autochtones au sens générique du terme et désignant un groupe socioculturel vulnérable, distinct et présentant, à divers degrés, les caractéristiques suivantes: a) les membres du groupe s’identifient comme appartenant à un groupe culturel autochtone distinct,
et cette identité est reconnue par d’autres; b) les membres du groupe sont collectivement attachés à des habitats ou à des territoires ancestraux
géographiquement distincts et situés dans la zone couverte par le projet, ainsi qu’aux ressources naturelles de ces habitats et territoires;
c) les institutions culturelles, économiques, sociales ou politiques traditionnelles du groupe sont différentes par rapport à celles de la société et de la culture dominante; et
d) les membres du groupe parlent une langue souvent différente de la langue officielle du pays ou de la région (PO 4.10).
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Le groupe de travail d’experts de la commission africaine des droits de l’homme et des peuples sur les communautés autochtones clarifie «que tous les Africains sont des autochtones en Afrique en ce sens qu’ils y étaient avant l’arrivée des colons européens et qu’ils ont été soumis à la subordination au cours de la période coloniale. Nous ne questionnons donc, en aucun cas, l’identité des autres groupes. Lorsque certains groupes marginalisés utilisent le terme autochtone pour décrire leur situation, ils font allusion à la forme analytique moderne de ce concept (qui ne porte pas uniquement sur l’aboriginalité) dans une tentative d’attirer l’attention ou de demander le redressement d’une forme particulière de discrimination dont ils souffrent» (CADHP 2005: 98). «Presque tous les Etats africains regorgent d’une riche variété de groupes ethniques distincts (…). Tous ces peuples sont autochtones en Afrique. Cependant, certains sont dans une position structurellement subordonnée aux groupes dominant et à l’Etat, ce qui conduit à leur marginalisation et discrimination. C’est à cette situation que s’adresse le concept d’autochtone dans sa forme analytique moderne ainsi que le cadre juridique international y relatif» (CADHP 2005: 126). Des experts nationaux et internationaux ont identifié les groupes suivants comme peuples autochtones: les Twa, les Mbuti, les Cwa et les Aka. Ils sont localisés dans les provinces de l’Equateur, le Bandundu, le Kivu, la province Orientale, le Katanga ainsi que dans le Kasaï. Traditionnellement, ils dépendent de manière très étroite de la forêt pour satisfaire leurs besoins de subsistance en matériaux de construction, en bois de chauffage et de cuisson, en aliments de base telles que les protéines que procure la viande de chasse, ou en pharmacopée traditionnelle à base des plantes médicinales, le seul moyen de soin de santé accessible à la majorité des populations autochtones. Toutes les parties prenantes s'accordent à reconnaître que les peuples autochtones font le plus souvent partie des populations parmi les plus pauvres, les plus marginalisées et les plus défavorisées. Compte tenu de l’existence des impacts du Projet GEF-BM sur les populations autochtones, la préparation d'un Plan des Peuples Autochtones (PPA) constitue une condition préalable définie par la meilleure pratique; la Politique Opérationnelle 4.10 de la Banque Mondiale (OP 4.10). La Banque n’accepte pas de financer un projet que lorsque celui-ci obtient un large soutien de la part de la communauté résultant d’un processus de consultation préalable, libre et informée des populations autochtones. L’objectif principal de ce PPA consiste à assurer que le Projet GEF-BM respectera pleinement la dignité, les droits de la personne, l’économie et la culture des populations autochtones et à assurer en même temps que les peuples autochtones profitent également des avantages socio-économiques culturellement adaptés qu'offrent le projet. Pour atteindre ces objectifs, le PPA devra permettre d'intégrer des mesures et mécanismes dans la conception et la mise en oeuvre du Projet GEF-BM permettant: • aux peuples autochtones d'exprimer leurs points de vue concernant la conception et la mise en œuvre
du Projet GEF-BM à l'intérieur de leurs terres dont ils tirent les ressources nécessaires à leur existence, la participation informée en insistant sur l'implication des représentants des deux sexes,
• d'éviter les incidences éventuellement préjudiciables aux populations autochtones concernées; ou, lorsque cela s’avère pas possible, au moins d'atténuer, de minimiser ou de compenser de telles incidences; et
• d’assurer que les bénéfices prévus pour eux seront culturellement appropriés. Pour atteindre ces objectifs, le PPA a été préparé en février 2006 – janvier 2007 par Dr Kai Schmidt-Soltau en collaboration avec les populations autochtones concernées et toutes les autres parties prenantes dans le cadre d'un contrat de consultation avec l’ICCN, qui doit gérer le Projet GEF-BM. En conformité avec la PO 4.10 et en sus de la présente introduction, le rapport comprend les parties suivantes: • Description du projet; • Données de base sur les peuples autochtones; • Un résumé des résultats du processus de consultation informé et ouvert à tous mené au préalable
auprès des communautés autochtones concernées; • Une évaluation des impacts et risques du Projet GEF-BM et des propositions des mesures
d’atténuation spécifiques en faveur des populations autochtones; • Un programme de mesures visant à assurer que les populations autochtones tirent du projet des
avantages socio-économiques culturellement adaptés; • Analyse des capacités institutionnelles, y compris des mesures destinées à renforcer, en cas de
besoin, les capacités des organismes chargés d’exécuter le projet; • Un cadre propice pour assurer le déroulement d’un processus de consultations permanent durant
l’exécution du projet; • Le plan des peuples autochtones avec un calendrier, des renseignements sur les coûts estimatifs
ainsi que des indicateurs précises; • Des mécanismes et normes de référence adaptés au projet et appropriés pour mener à bien les
activités de suivi, d’évaluation et d’établissement de rapports liées à l’exécution du PPA.
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22.. DDeessccrriippttiioonn dduu PPrroojjeett GGEEFF--BBMM L’objectif du Gouvernement est d’accroître les bénéfices sociaux et économiques que les forêts et les aires protégées apportent au pays tout en assurant que cette contribution sera durable et qu'elle respecte l’environnement. Jusqu'au jour d’aujourd'hui, la gestion des aires protégées en RDC était régie par l’ordonnance loi n°69-041 du 22 août 1969 et par ses mesures d’application, mais la loi 11/2002 du 29 août 2002 - le Code forestier - comporte une nouvelle politique d'utilisation des ressources naturelles élaborée pendant la décennie 1990 et discutée lors des forums politiques de même celle portant sur la législation environnementale en mai et juillet 2000. Ce code représente le premier effort de la RDC de développer sa propre vision sur la gestion des ressources naturelles tout en tenant compte des tendances en cours en Afrique centrale et au niveau international. Simultanément, le gouvernement s’atèle à réviser la Loi sur la Conservation de la Nature en vue d'assurer notamment l’harmonisation complète du cadre juridique national avec la Convention sur la Diversité Biologique (CBD). Le Code Forestier identifie des axes à travers lesquels le secteur devra contribuer à la réduction de la pauvreté, à la bonne gouvernance ainsi qu'à l'amélioration des capacités:
1) Le code forestier vise à «promouvoir une gestion rationnelle et durable des ressources forestières capables d'accroître leurs contributions au développement économique, social et culturel des générations présentes, tout en préservant les écosystèmes forestiers et la biodiversité forestière au profit des générations futures» (§ 2).
2) Le code forestier prévoit comme condition préalable et avant chaque classement d'une forêt (§ 15), la consultation de la population riveraine et la participation de tous les acteurs impliqués dans la gestion. Cette participation sera réalisée à travers des différents mécanismes tels que: l’établissement des conseils consultatifs provinciaux (§ 29, 30, 31), la consultation de tous les acteurs impliqués et notamment ceux du secteur privé et des ONG (§ 5, 6, 24, 74).
3) 40% des recettes des concessions forestières seront destinées aux entités administratives décentralisées (25% aux provinces et 15% aux territoires) et elles devront servir à la réalisation des infrastructures d’intérêt collectif (Code forestier § 122);
4) Les exploitants forestiers sont tenus de convenir avec les populations riveraines des «cahiers de charges», fixant les travaux et services d’intérêt collectif qu’ils s’engagent à réaliser (Code forestier § 89);
5) Les droits d'usage des populations locaux dans les concessions forestières sont reconnues et protégées en vue de satisfaire les besoins domestiques des individus et des communautés (Code forestier § 32); et
6) Les communautés rurales obtenant le droit de gérer directement les forêts dans le cadre des «concessions des communautés locales» (Code forestier § 22).
Toutes les aires protégées sont placées sous la responsabilité de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) (Ordonnance-loi n° 75-023 du 22 juillet 1975). Malgré le dévouement de ses agents, l’ICCN n’est pas épargné du délabrement général des institutions en RDC, caractérisé par des salaires insuffisants, un manque de formation et avec la perspective d’un départ en retraite de ses agents les plus expérimentés. L'ICCN anime un Comité de Coordination du Site (CoCoSi) au niveau de chaque parc, de même qu'une plate-forme de coordination nationale appelée „Coalition pour la Conservation au Congo“ (CoCoCongo). Pendant que le CoCoSi et le CoCoCongo réunissent l’ICCN et ses partenaires, c'est-à-dire les ONG internationales de conservation (WWF, WCS, CI, APF, AWS, DFGF-I, DFGF-E, FZG, LZS, etc.), il n'existe encore, à présent, aucune plate-forme appropriée et réunissant tous les désintéressés et offrant un espace aux populations affectées ainsi qu'aux autres acteurs nationaux impliqués pour exprimer leurs opinions.
Les principaux axes de la Nouvelle Vision pour la Conservation des Aires Protégées dans la RDC (octobre 2003) peuvent comporter deux éléments clefs:
Réhabilitation du réseau des aires protégées. Durant les conflits, tous les AP ont dû subir de graves déprédations. Les actions prioritaires comprennent entre autres: le recrutement du personnel et la réhabilitation des infrastructures élémentaires, le réexamen et le marquage des limites des parcs de façon participative, l’élaboration de plans de gestion participatifs, la mise en œuvre d’initiatives de gestion communautaire ainsi que le développement d’autres activités génératrices de revenus et d’emplois dans la périphérie des parcs. Il est prévu, dans ce contexte, a) «de faciliter la collaboration avec les partenaires de l’ICCN à travers le CoCoCongo, b) d'impliquer les communautés locales dans l’élaboration et dans la mise en œuvre des politiques et des programmes de conservation assurant l’utilisation durable des ressources naturelles, c) de gérer les aires protégées et collaborer avec les populations riveraines dans la gestion des zones tampons en collaboration et au bénéfice des populations riveraines.» (p.3)
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Elargissement du réseau des aires protégées. Un deuxième axe de la stratégie consiste à réévaluer l’ensemble du système des aires protégées en vue d’en créer de nouvelles ou de déclasser celles ayant perdu leur valeur biologique ou subissant des empiètements irréversibles. Le code forestier prévoit que 15% de la surface entière du pays devra recevoir le statut de protection. Le réseau actuel couvre environ 8%, ce qui signifie qu’approximativement 7%, soit 15 millions d’hectares, attendent encore d'y être rajoutés. Pour ce faire, il faudra conduire une analyse de représentativité du réseau des aires protégées, mener des enquêtes socio-économiques, et cartographier l’occupation des sols afin de pouvoir déterminer les sites potentiels. Ceci implique des consultations locales débouchant sur des nouvelles aires protégées tout en renvoyant aux perceptions locales des terroirs et en respectant les droits des gens sur la base d’un consentement préalable informé.
Dans cette perspective, «les aires protégées peuvent représenter, pour le gouvernement et pour la population rurale en même temps, une source d'importants revenus à travers de mécanismes (permis d’exploitation forestière ou cynégétique, permis de visite des parcs nationaux, revenus directs et indirects du tourisme de vision)» (Le rôle de la conservation des ressources naturelles dans la stratégie pour la réduction de la pauvreté de la RDC: p.2). Les mécanismes disponibles et favorisant cet objectif sont, entre autres:
• «Assurer que les communautés locales participent à la gestion des aires protégées, et bénéficient de ces efforts;
• Encourager et renforcer la collaboration et le développement d’un partenariat avec le secteur privé et la société civile;
• Mettre en place (…) des mécanismes et des politiques permettant d’équilibrer l’éventuel coût d’opportunité pour les populations riveraines des aires protégées et pour la conservation du patrimoine naturel» (p.3).
La Stratégie Nationale de la Conservation de la Biodiversité dans les Aires Protégées de la RDC a élaboré un vaste chantier d’activités dont l’objectif global consiste à: «renforcer la capacité de l’ICCN à assurer la conservation et la gestion durable de la biodiversité dans le réseau des AP de la RDC, en coopération avec les communautés locales et d’autres partenaires pour contribuer au bien-être des populations congolaises et de l’humanité entière» (p.8). Le Gouvernement de la RDC a, pour ce qui concerne la mise en oeuvre de sa nouvelle vision et de sa nouvelle stratégie, demandé une aide financière auprès du Fond pour l’Environnement Mondial (GEF) à travers la Banque Mondiale (BM). Le projet GEF-BM comportera 3 composantes dont deux interviendront au niveau national tandis que deux autres au niveau des sites:
Composante 1 : Appui à la réhabilitation institutionnelle de l'ICCN (niveau national) Composante 2 : Appui aux parcs nationaux Virunga et Garamba (niveau des sites) Composante 3 : Expansion du réseau des aires protégées (niveau national)
L'objectif du projet de développement consiste à „gérer la biodiversité de manière durable de telle façon qu'elle puisse procurer des retombés socio-économiques aux populations locales ayant été sujet des conflits. En travaillant avec des institutions au niveau central et au niveau des sites, le Projet GEF augmentera à la fois la capacité et le profil de l'ICCN, il contribuera à installer une forte coordination parmi des partenaires et il adoptera une approche intégrée de conservation de la biodiversité en faveur des plus démunis.
La composante 1 augmentera les capacités de l'ICCN et rétablira un directorat fonctionnel au niveau administratif et financier au sein de la direction de l'ICCN. Ce directorat sera entièrement équipé par des employés formés et des ordinateurs, et la qualité de son management financier sera évaluée à travers des audits externes. La composante 1 favorisera également le renforcement de la coordination au sein de l'ICCN (CoCoCongo), de la communication, et du M&E, de la gestion de l'impact social et des systèmes de reproduction. De même, l'ICCN développera une stratégie durable d'acquisition de fonds et de l'acceptance locale des aires protégées. En soutenant les rencontres de la CoCoCongo et les réflexions y relatives, cette composante devra également contribuer à renforcer les capacités de l'ICCN et du M&E et faciliter le partage des expériences et de la reproduction des approches réussies au niveau national. Le projet, en soutenant le processus la coordination de la CoCoCongo, donnera la priorité à assurer la participation des ONG locales et des représentants élus locaux des populations locales et des peuples autochtones.
La Composante 2 apportera un ensemble de soutiens stratégiques aux deux parcs nationaux les plus importants que sont le parc national de Virunga (PNVi) et celui de Garamba (PNG). Dans chacun de ces parcs, le projet travaillera à restaurer les capacités humaines et matérielles à un niveau de base, il renforcera le partenariat avec les populations locales, les peuples autochtones et les ONG ainsi que leur participation au processus de la prise des décisions; il stabilisera les populations des espèces les plus
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importantes, il soutiendra la création des réserves et forêts communautaires et il contribuera à augmenter la participation des populations locales et des peuples autochtones aux activités génératrices de revenus que sont la gestion des zones de chasse et l'écotourisme, la redistribution des revenus générés (taxes d'entrée, etc.), il assurera aussi que toutes les mesures de conservation soient réalisées d'une manière à privilégier les défavorisés, à éradiquer la pauvreté et à ce que l'état social et matériel d'aucune personne n'augmente à cause des mesures de conservation.
La composante 3 soutiendra l'identification et la création des nouvelles aires protégées nécessaires au soutien de l'objectif fixé par le gouvernement d'élargir la surface protégée du territorial national de 6 à 15%. La composante soutiendra par ailleurs l'ICCN à renforcer ses efforts et à mieux conscientiser sur le besoin d'avoir un soutien public dans la réalisation de ces objectifs. L'ICCN s'engagera, à travers cette composante, à collaborer avec les populations locales et les peuples autochtones, avec des ONG nationales et internationales, avec le monde académique et en consultation avec des autorités nationales et internationales. Compte tenu de l'accent mis sur les consultations et les contraintes logistiques rencontrées en RDC, l'objectif consiste à identifier des nouvelles aires protégées avec une superficie de 10 millions hectares et mise en place des aires protégées avec une superficie de 2 millions hectares basée sur des consultations libres, antérieures et informées. La composante contribuera à assurer que le futur système des aires protégées en RDC représente entièrement la diversité biogéographique du pays. Elle compensera en même temps et dans une certaine mesure le risque que certains des aires protégées, ayant été détruits lors de la guerre, doivent être déclassés et elle mettra, en outre, l'accent sur des consultations avec les populations locales et les peuples autochtones tout en respectant le principe d'un consentement libre, antérieur et informé. Elle sera soutenue et implantée par le directorat de l'ICCN en charge de la planification et des études.
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33.. IInnffoorrmmaattiioonnss ddee bbaassee ssuurr lleess ppooppuullaattiioonnss aauuttoocchhttoonneess Les «Pygmées1» constituent une illusion classique de l’autre inconnu et de la différence ultime depuis fort longtemps. Borges (1970: 188) les a qualifiés comme un groupe «d’êtres imaginaires», similaires aux fées, sirènes et trolls. Mais contrairement aux autres, les «pygmées» ont été identifiés au cours des années avec une forme corporelle.2 Par la suite, beaucoup d’ouvrages se sont intéressés à ces habitants de la forêt. Alors que certains d'entre eux insistent sur leur homéostasie avec un environnement généreux (Schebesta 1938-1958, Turnbull 1961) en affirmant même que les chasseurs collecteurs ont trouvé une «solution Zen à la pénurie et à l’abondance» (Sahlins 1968: 85), d’autres, par contre, critiquent ces travaux et leur concept sous-jacent d’une société originelle d’opulence (Lewin 1988) et démystifient plutôt le «noble sauvage».
Les peuples autochtones en RDC constituent une mosaïque complexe de groupes ethniques apparentés. Les définitions et chiffres existants ne sont pas précis ni cohérents entre eux. Selon Bahuchet et al. (1999), Bailey (1985), Pagezy (1988a,b) et Dyson (1992) environ 70.000 -100.000 personnes s'identifieraient comme étant des chasseurs-cueilleurs autochtones et/ou comme appartenant à leurs descendants (Tableau 1), tandis que d’autres sources avancent des estimations encore plus élevées. Selon les rapports de Lewis (2000), Jackson (2004) et Lattimer (2004) il y aurait, en RDC, un nombre de 250.000 personnes appartenant à l'un des différents groupes des peuples autochtones.
Tableau 1 : Les groupes des peuples autochtones en RDC
Pour la région autour du Parc National de Virunga, des chiffres plus précises existent: 2.327 ménages de populations Mbuti et Twa ont été recensés dans 216 campements et 107 villages (PAP-RDC 2000 & PIDP Nord Kivu 2004). En extrapolant la taille des ménages dans les zones habitées par les peuples autochtones autour du parc National de Kahuzi-Biega telle que rapportée par Shalukoma (1993, 2000: 3,64 personnes par ménage), on arrive à un nombre total de personnes appartenant aux peuples autochtones autour du Parc National de Virunga de 8.480 de personnes. Par contre, en se référant au chiffre avancé par Plumptre et alias (2004: 42) pour le compte des populations Twa en RDC (5.33 personnes par ménage), 12.400 de personnes appartenant aux peuples autochtones habiteraient la zone autour du Parc National de Virunga.
De par l'histoire et la tradition, les peuples autochtones ne vivaient pas dans la région autour du Parc National de Garamba, mais, à cause de la guerre civile, beaucoup parmi ces peuples avaient dû quitter leurs forêts d'origine pour trouver un refuge dans n'importe quelle région du pays de façon qu'à leur actuelle, l'on ne puisse pas être sûr si ces régions, bien qu’historiquement et traditionnellement non habitées par eux, le soient encore aujourd'hui.
Il est généralement admis que les chasseurs-cueilleurs sont les premiers habitants des forêts congolaises. Selon cette théorie à associer aux travaux de Schebesta (1938-1958) et de Turnbull (1961, 1965, 1983), ces populations ont pendant longtemps vécu en autarcie fondée sur l’économie de la cueillette avant que n'arrivent, pendant le dernier millénaire et à la suite des migrations, des groupes d’agriculteurs vers les zones forestières. Mais d'autres études plus récentes situent ces premiers contacts entre les deux peuples à une période beaucoup plus ancienne, à la période entre 2.000 et 3.000 (Bahuchet 1982, Bailey 1985, Hart et Hart 1986, Vanshina 1990). Voulant définir les populations Mbuti, Twa, Cwa et Aka, les peuples autochtones (PA) comme une entité à part entière, il 1 L’emploi de cette appellation «pygmée» est d'ailleurs aujourd'hui contestée par des anthropologues y
voyant une connotation péjorative. Tenant compte de ces considérations sémantiques, le présent rapport se réfère tant que possible aux autodénominations proposées par chacune des populations citées.
2 Georg Schweinfurth a rencontré ces habitants au cœur de la forêt équatoriale centrafricaine et rapportait à leur sujet: „... enfin, je pouvais réellement régaler mes yeux de la personnalisation vivante de mythes de quelques milliers d’années!” (Schweinfurth 1873, 2: 127)
Groupe Région Population Aka Le long du fleuve Oubangui 5.000
Mbuti (Asua) Au Centre et au Sud de la forêt d’Ituri 5.000-7.000 Mbuti (Kango/Aka) Au Nord et à l’Ouest de la forêt de l’Ituri 7.500-8.000
Mbuti (Efe) Au Nord et à l’Est de la forêt de l’Ituri 10.000-15.000 Cwa d’Equateur Au Sud et à l'Est de Mbandaka 14.000-20.000
Cwa du Kasaï En lisière de la mosaïque forêt savane dans la région des lacs du Kasaï, à Kongolo, au Nord de Kananga et à l'Est de Kabinda 10.000-20.000
Twa A l'Est du Nord-Kivu, au Sud-Kivu et à Maniema 12.000-16.000
Autres groupes Dispersés à travers toute la région forestière en RDC Env. 5.000
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s’avère d'abord nécessaire de les bien distinguer par rapport à leurs voisins agriculteurs. Les peuples autochtones ne parlent pas les mêmes langues, mais plusieurs langues bantoues à la fois; mais ce qui est encore bien plus frappant dans ce contexte, c'est le fait qu'ils perçoivent leurs voisins immédiats, les bantous, différents par rapport à eux-mêmes et ceci à la fois au niveau sociale, économique, idéologique et aussi au niveau de l'organisation politique (Bahuchet 1993a).
Carte 1 Les zones d’usage des peuples autochtones
«Batwa», «Bambuti», etc. renvoie au pluriel alors que «Mutwa», «Mubuti» au singulier dans les langues bantoues. Mais le présent rapport préfère l'emploi du terme «Twa», «Mbuti», «Cwa» et «Aka» pour le singulier et le pluriel en même temps, parce que ces termes «Batwa» etc. sont porteurs de la même ambivalence que présente le terme « pygmée ». En même temps, le terme «Twa» s'emploie en langue bantoue généralement en référence aux populations le plus souvent chasseurs-cueilleurs.
Les peuples autochtones s'identifient eux-mêmes de manière très étroite à la forêt (Cavalli-Sforza 1986). Même s'ils ne vivent pas exclusivement des produits sauvages que leur procure la forêt tropicale, ces produits font partie de leurs besoins fondamentaux et constituent la base à leur vie quotidienne (Ichikawa 1991). Ils sont d'une très grande mobilité, mais leurs déplacements à travers des vastes zones à l'intérieur de la forêt s'organisent tout d'abord en fonction de la disponibilité des produits forestiers, c’est-à-dire par rapport aux différentes saisons de l'année et non pas rapport aux nécessités différentes qu'impose la vie agricole. Ils ont fait de la forêt le centre de leur vie intellectuelle et spirituelle (Harako 1988). Ils se voient eux-mêmes différents et sont également perçus par leurs voisins comme différents par rapports à leur vie sociale, économique, idéologique et politique
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(Bahuchet 1993a). Les populations autochtones des régions forestières en RDC entretiennent des relations complexes avec les populations villageoises agricoles qui les chargent souvent des travaux et avec qui ils échangent des biens et des services; pour communiquer avec eux, ils parlent leurs langues, bantoues ou encore soudanaises. Ces interactions entre voisins sont souvent caractérisées par une inégalité (Turnbull 1965, 1983, Hewlett 1996) et elles s'étendent d'une relative autonomie avec des contacts occasionnels jusqu'à la servitude héréditaire (Grinker 1994). Le type d’interaction développé par chaque groupe autochtone correspond notamment à son niveau de mobilité.
Tous les groupes chasseurs-cueilleurs autochtones sont caractérisés par leur mobilité, mais comme le degré de leur mobilité varie, la fréquence et l'intensité des contacts avec le monde extérieur varient aussi. Certains groupes, spécialement parmi ceux des Mbuti (Asua, Efe, Basua) restent entièrement dépendants de la forêt, tandis que la majorité des groupes Cwa pratiquent l’agriculture pour compléter leur régime alimentaire, même si la chasse demeure l’une de leurs principales activités.
La plupart des populations autochtones de la RDC vie d’une combinaison de production alimentaire et d’exploitation de produits forestiers (Ichikawa 1991, Grinker 1994). Les données des années allant de 1970 à 1980 indiquent qu’à cette époque, ni la chasse, ni la cueillette des produits non ligneux n’avaient détérioré ces ressources naturelles. La chasse et la cueillette n'assuraient que la subsistance locale d’une population de faible densité. Ichikawa (1986, 1996) estime qu’un groupe de 67 personnes récoltait annuellement environ 7 tonnes de gibier dans un territoire de 150 Km². Il est probable que les conflits, l’augmentation de la population et de la demande mettent désormais cette source d’approvisionnement des peuples autochtones en péril.
La participation des peuples autochtones au commerce régional n’est pas du tout récente, car elle se pratiquait déjà au 17ème siècle lorsque les Européens s’approvisionnaient en ivoire et autres produits non ligneux (Vanshina 1990). Mais cela n’avait pas conduit à une représentation adéquate de ces peuples dans le cadre des processus de la prise des décisions à l'intérieur de la société. En RDC, le droit foncier n’est toujours pas entièrement clarifié et l’agriculture de rente, l’exploitation minière, la reprise des activités économiques, y compris, mais pas uniquement, l’industrie du bois ainsi que la mise en œuvre des aires protégées et avec, en même temps, le processus de la réunification et de la relance économique, posent des défis majeurs aux peuples autochtones avec leurs modes de vie et avec ses opportunités et risques particuliers qui demandent d'être observés et traités avec la plus grande attention.
Le nouveau code forestier confirme les droits traditionnels de toutes les populations à profiter des ressources forestières lorsqu'il s'agit de leur subsistance et de leur bien-être socioculturel. Il prévoit des consultations préalables à toute décision relative à l'aménagement et aux compensations à chaque fois qu'un de ces droits traditionnels pourraient être ignoré ou encore restreint, mais en réalité, la situation est beaucoup plus complexe encore.
Sans ignorer que dans une étude ethnologique ou anthropologique, il ne serait pas correct de présenter des différents groupes ethniques comme une seule entité, je le ferai dans ce rapport qui ne s'adresse pas à un public académique et je le ferai uniquement pour le besoin de la cause et tout en renvoyant à l’annexe tous ceux qui cherchent des informations plus détaillées sur les différences et les éléments plus spécifiques relatives à ces groupes ethniques mentionnés.
33..11.. EEccoonnoommiiee eett EEnnvviirroonnnneemmeenntt A l'origine, les populations Mbuti, Twa, Cwa et Aka étaient des chasseurs collecteurs qui pratiquaient rarement l'agriculture. Mais les campagnes de sédentarisation durant et après la période coloniale ont fait en sorte que la plupart des peuples autochtones commençaient à occuper des terres de manière permanente et à y passer la plus grande partie de l'année (Althbabe 1965).
Tout comme les autres groupes ethniques vivant dans la même région, ils ont adopté, pendant ce processus de sédentarisation, un mode de vie basé sur l'agriculture. Durant une partie de l’année, ils restent dans leurs campements permanents, où les hommes défrichent et brûlent des parties de la forêt tandis que les femmes cultivent et s'occupent de la récolte. Mais le niveau de sédentarisation entre les populations Mbuti, Twa, Cwa et Aka diffère de manière significative. Alors que la coutume de quitter leurs villages pendant des longues missions de chasse les éloignant souvent bien loin du village, n'existe pratiquement plus chez les Cwa, les Mbuti, Twa et Aka qui vivent à l'extérieur des principaux villages, passent encore aujourd'hui 1/3-2/3 de leur temps dans la forêt. Tandis que les Cwa, à cause de leur faible activité de chasse, n’ont pas pu maintenir leur style de vie en camp de chasse, la majorité parmi les groupes Mbuti, Twa et Aka disposent d'habitude, et loin à l'intérieur de la
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forêt, de plusieurs campements de chasse qu'ils abandonnent dès que le gibier et les produits non ligneux commencent à s'y réduire, ce qui témoigne d'une bonne et durable gestion de la forêt.
Les méthodes traditionnelles de chasse (à la lance [Efe, Twa] et au filet [Asua]) sont de moins en moins pratiquées et remplacées actuellement toujours plus par la chasse avec des pièges. Mais les informateurs parmi les populations Cwa rapportent qu'autrefois, on pratiquait encore la chasse avec des filets ou d'autres outils de chasse traditionnels.
Fig. 1 : Le circuit annuel de trois campements Aka sur une localité. Source: Thomas et al 1983ff (1.3): 40.
Fig.2. Les surfaces utilisées par les Aka. Source : Thomas et al 1983ff (1.2): 66.
Les raisons motivant la chasse ont, à cause d’une forte demande en viande de brousse, changé au cours de ces dernières années. Les hommes encore jeunes sont particulièrement capables de générer des revenus qu'ils dépensent le plus souvent en boisson à l'intérieur de leurs campements permanents.
Les femmes collectent, en petits groupes, des ignames sauvages, des feuilles de gnetum sp., landolphia, divers fruits et champignons, alors que la récolte du miel sauvage est considérée comme une tâche revenant aux hommes. Vers la fin de la saison sèche, les hommes et les femmes attrapent des poissons dans les petits cours d’eau.
Mais il faut le dire, les conditions de vie des sociétés de la forêt tels que les Mbuti, Twa, Cwa et Aka sont beaucoup moins idylliques que le veulent souvent croire les étrangers. L’exploitation forestière, les activités de conservation telle la création des parcs nationaux et des autres aires protégées et l'intensification de la culture vivrière - exclusivement organisée par les «Bantous» - ont beaucoup contribué à réduire l’espace disponible à la chasse et la cueillette. Toutefois, les peuples autochtones ne sont pas capables de générer plus de 10% des revenus de leurs voisins agriculteurs. Alors que les agriculteurs peuvent générer environ USD 84 (DSRP 2005:23) par personne et par an, le revenu des peuples autochtones n'atteint qu'environ USD 8 par personne et an (USD 0.02 par personne et jour).
33..22.. LLee ssyyssttèèmmee ttrraaddiittiioonnnneell ddee tteennuurree ffoonncciièèrree L'explication du système traditionnel de tenure foncière ne semble pas difficile parce qu'en termes de possessions foncières etc., il n'existe même pas; mais elle peut s'avérer relativement complexe dès que l'on considère que les terres sont gérées en commun. Avant l'époque coloniale, les bandes et groupes n’avaient pas choisi une zone bien déterminée, mais un système bien élaboré de gestion durable de la forêt: lorsque l’exploitation d’une zone commençaient à avoir des impacts visibles (moins de succès dans la chasse et la cueillette), ils abandonnaient tout simplement la zone. Ce système a changé sous le
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développement rapide du côté des agriculteurs utilisant certaines zones le long des rivières pour leur agriculture de coupe et de brûlis et surtout avec l'arrivée des peuples autochtones.
Pendant des périodes de la saison des pluies, les populations Mbuti, Twa, Cwa et Aka avaient commencé à s'installer près des agriculteurs en échangeant avec eux la viande de brousse contre le manioc et d'autres produits agricoles leur permettant ainsi d'éviter des périodes de famine causées par la réduction des opportunités de chasse et de cueillette pendant les périodes pluvieuses. Pendant l’époque coloniale et post-coloniale, les activités d’exploitation forestière et les projets de conservation ont énormément contribué à réduire le territoire disponible à ces populations, mais comme dans le passé, elles semblent encore aujourd'hui incapables de défendre leurs terres contre les pénétrations en provenance de l'extérieure.
Fig. 3 Les calendriers comparatifs d'avant la colonisation et actuels des activités des populations Aka Source: Thomas et al 1983ff (1.2): 80.
Traditionnellement, chaque campement (le groupe résidentiel) se déplace en moyenne six fois par an. Ces déplacements d’année en année s’effectuent à l’intérieur d’une aire correspondant à un domaine vital et couvrant une surface d’environ 2 Km² par personne; ce qui revient donc à 300 Km² par campement. Un domaine vital est selon Heymer (1977:26) «l’espace qu’un individu ou un groupe organisé parcourt tout au long de son existence». Les groupes résidentiels qui s’associent périodiquement pour effectuer la chasse aux filets utilisent des domaines vitaux qui sont largement superposés, mais il est évident que seuls ces groupes utilisent l’aire de forêt formée par cette superposition et d’autres campements ne peuvent y avoir accès, s’y installer, même temporairement, sans autorisation. Dans cette mesure, il est permis d’appeler ce domaine exclusif – territoire/localité. Les peuples autochtones reconnaissent et nomment cette surface de forêt partagée par plusieurs campements. Il apparaît toutefois que la configuration de ces territoires est déterminée par les localisations des zones de chasse et de cueillette des villageois avec lesquels les peuples autochtones d’un groupe particulier ont des relations d’échange (Thomas et al 1983ff (1.2): 87-89.). A un moment donné, quelques bandes ont commencé à aménager leur propre petite agriculture de jardin. A défaut d'un système foncier proprement dit, ils ont commencé, pour gérer leurs fermes, à se servir du système
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élaboré par les agriculteurs, mais tout en maintenant l’idée d’une forêt ouverte en dehors de la zone agricole. Toutefois, le processus de la sédentarisation, aggravée par une dégradation de l’environnement, a réduit la zone de forêt disponible pour les diverses bandes, car leur petite agriculture de jardin ne leur permet pas des déplacements trop loin de leurs fermes et parcelles permanentes. Au cours des discussions, il s’était avéré que les peuples autochtones maintenaient l’idée d’une forêt collective et ouverte à tous, et qu'en réalité, il est possible de démarquer la zone de terre utilisée par les différents groupes résidentiels. Ces zones se trouvent sous pression, car les peuples autochtones n’ont pu développer des stratégies efficaces au profit de la protection des forêts qu’ils utilisent.
Les titres coutumiers des peuples autochtones sur les zones agricoles changent de manière significative. Dans les zones où plus des terrains sont disponibles, les peuples autochtones se sont déclarés propriétaires des terrains dont les limites sont respectées par leurs voisins bantous. Mais, dans le plupart des cas, les peuples autochtones ont fait comprendre de n'avoir aucun droit légal sur les terrains qu'elles occupent. Compte tenu du fait que les peuples autochtones ne sont pas considérés comme propriétaires des terres qu’ils occupent, ils sont les tout premiers à devoir abandonner les lieux lorsqu’il s’agira de céder de la place à des nouvelles plantations ou encore aux divers projets dans le cadre du processus de développement. Dans leur grande majorité, ils ont subi plusieurs changements de leurs campements pour céder la place à l’expansion des villages bantous ou encore aux plantations de leurs voisins. Ils n’ont, à présent, pas d’accès légal à un quelconque terrain, ni aux ressources naturelles non plus. En conséquence, ils sont devenus des simples paysans travaillant sur des terres qu'ils ne possèdent pas et avec des salaires leur permettant rien de plus que la simple survie, dépourvus des moyens pour payer la scolarité de leurs enfants ou, en cas de maladie, les frais de consultation et des médicaments.
Une étude de cas démontre que 14% des peuples autochtones installés autour du Parc National de Virunga sont propriétaires de petites concessions dans lesquelles ils sont contraints de vivre (PIDP Nord-Kivu 2004). Mais ces concessions sont le plus souvent trop petites (moins de 0.1 ha par personne) et elles ne peuvent garantir la survie de leurs occupants ce qui les obligent donc au travail sur les terres de leurs voisins (le revenu moyen en serait 0.01 - 0.02 $US par personne et jour) en pratiquant tout genre d’activités illégales quand ils ne sont pas tout simplement abandonnés à la merci des ONG. Compte tenu du fait que les peuples autochtones ne sont pas considérés comme propriétaires des terres qu’ils occupent, ils sont les tout premiers à devoir quitter les lieux lorsqu’il s’agit de céder de la place à des nouvelles plantations ou encore aux divers projets dans le cadre du processus de développement, et 87% de ceux installés dans les environs du Parc National des Virunga rapportent d’avoir été sujet à ce genre de déplacements involontaires au moins une fois déjà. La majorité de ces communautés a une longue expérience au sujet des migrations imposées: On les a obligés, par la force des armes, d’abandonner la forêt que constitue le Parc National de Virunga au cours des années 60 et puis à nouveau au cours des années 70 pour qu’ils s’installent sur des portions de terrain près des leurs «frères» ou «propriétaires» bantous. Dans leur grande majorité, ils ont subi plusieurs changements de leurs campements pour céder la place à l’expansion des villages bantous ou encore aux plantations de leurs voisins. Suite à des manquements de l’état (1997), ils sont rentrés dans leurs zones forestières d’origine à l’intérieur du Parc National de Virunga et toutes les personnes questionnées affirment que c’était la meilleure période de leur vie. Mais la réorganisation de l’ICCN les a à nouveau obligé de quitter cette forêt et de trouver un bout de terrain pour s’installer ailleurs sans aucune assistance ou attribution d’un terrain servant à leur installation. Ils n’ont, à présent, pas d’accès légal à un quelconque terrain, ni aux ressources naturelles non plus. En conséquence, ils sont devenus des simples paysans sans terre et avec des salaires leur permettant rien de plus que la simple survie, dépourvus des moyens pour payer la scolarité de leurs enfants ou, en cas de maladie, les frais de consultation et des médicaments. Plumptre et al. (2004: 54) démontrent que seulement 12.5% parmi la population Twa dispose d’une éducation formelle, tandis que 40% parmi les populations bantoues peuvent disposer d’une éducation dans l’enseignement primaire et 10% même dans l’enseignement secondaire. Aucun des Twa suivis par Plumptre (2004: 58) dans les environs du PNVi n’a jamais consulté un hôpital tandis que, du côté des bantous, 40% parmi eux y sont déjà allés se faire consulter et soigner. Cette situation explique aussi le taux de mortalité dans les campements des populations Twa deux fois plus grand que celui du côté des villages bantous (PIDP Nord-Kivu 2004) et en Uganda quatre fois (Rudd 2004). Selon les Twa et Mbuti rencontrés dans les environs du PNVi, ces conditions de vie inacceptables s’expliquent par le fait qu’ils n’ont pas d’accès légal à un quelconque terrain, ni aux ressources naturelles.
Bien que les conditions de vie des populations Mbuti, Twa Cwa et Aka installées à quelque distance des Parcs Nationaux soient de loin meilleurs, le problème d’accès aux terrains reste toujours le même. En se rendant dans les zones de réinstallation entre Kambao et Kantine où l’ICCN et ses partenaires
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comptent réinstaller 5.000 ménages vivant à présent près de Beni dans le PNVi, le terrain qui nous a été présenté par l’ICCN et ses partenaires comme étant une zone inhabitée, s’était finalement avéré déjà occupé et utilisé par un grand nombre de groupes Mbuti. Il y existe environ 10 installations Mbuti avec 2 à 4 campements chacun tout proche l’un de l’autre. Les Mbuti se souviennent encore bien de ce jour où le Chef de Secteur les avait invité à assister à un de ses discours les informant, eux et les populations rurales, que 5.000 familles devaient venir et que le gouvernement comptait les installer quelque part entre Kambao et Kantine et que la population rurale était obligée de déguerpir pour céder de l’espace et tout ceci sans avoir droit à quelque compensation que ce soit. Les chefs des groupements, de concert avec les chefs coutumiers, avaient décidé d’allouer cette zone utilisée et habitée actuellement par les Mbuti au profit du plan de réinstallation en espérant de pouvoir ainsi réduire l’impact négatif sur les populations bantoues.
L’absence des méthodes et systèmes traditionnels en faveur d'une meilleure défense de leurs «biens» par rapport aux étrangers ainsi que le fait de ne pas disposer des propriétés/villages/localités légales (attribués par le gouvernement), ont beaucoup contribué à fragiliser de plus en plus leur mode de vie et leur culture lesquelles se trouvent aujourd’hui de plus en plus marginalisées et remplacées par d'autres imposées par l’extérieur de telle manière que ces peuples autochtones deviennent de plus en plus dépendants de leurs voisins parce qu'ils n'ont pas d'alternative et ne peuvent plus tout simplement s'échapper et disparaître dans la forêt à chaque fois qu'ils le voudraient. C’est aussi la raison pour laquelle leurs bases économiques restent fondées et dépendent de la bonne volonté des agents officiels et/ou de leurs voisins qui, eux, disposent pratiquement toujours des capacités plus élaborées pour les discussions des questions de légalité avec les différentes instances gouvernementales.
Le fait que les fonctionnaires soient dans leur plus grande majorité d’origine bantoue, contribue également à augmenter le nombre des désavantages subis par les peuples autochtones. L’argument selon lequel les droits de propriété sur des terres à l’intérieur du code foncier devaient être respectées par toutes les parties prenantes, s’est également montré inefficace.
Relativement récente, la notion même de propriété communale (forêt communautaire ou en RDC concessions des communautés locales») ne propose pas des mesures spéciales en faveur d’une légalisation d’un titre d’utilisation de terres traditionnelles par l’ensemble des communautés. Le gouvernement de la RDC, celui du Cameroun et du Gabon comptent affronter ce problème dans le cadre des plans des peuples autochtones pour le Projet d’urgence et de soutien au processus de réunification économique et sociale (PUSPRES) (Composante 3: Réhabilitation des RN 2 & 4), le Projet d'urgence d'appui à l'amélioration des conditions de vie (Composante C: Désenclavement des zones isolées) en RDC et les Programmes Sectoriel Forestier et Environnement au Cameroun et au Gabon qui prévoient des activités précises en faveur des peuples autochtones privilégiant leur accès aux ressources forestières. En RDC, c’est l’UCoP dans le sein du Ministère du Plan qui est chargé de la création des forêts communautaires d’une superficie de 100 d'hectares par personne le long des RN 2, 4 & 6. Au Cameroun, c’est le PSFE qui est chargé de la création des forêts communautaires d’une superficie de 5.000 d’hectares pour chacune des communautés des peuples autochtones (MINEF 2003); quant au Gabon, le PSFE prévoie 100 d’hectares par personne installée à l’intérieur de l’un des campements des peuples autochtones existan